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FABLIAUX
ET
CONTES
DES POÈTES FRANÇOIS
DES XI, XII, XIII, XIV ET XV SIÈCLES,
y
TIRÉS D£S MEILLEURS AUTEURS;
*
Publiés pai- BARBAZ AN îtw
Atàc im Glossaire pour en faciliter la leclure.
NOUVELLE ÉDITION,
Augmentée et rcrue sur les Manuscrits de la Bibliothèque împëriale ^ par M. MÉON , employé aux Manuscrits de la même Bibliothèque.
TOME QUATRIÈME.
n '"^
A PARIS,
Chez B. W ARÉE oncle , Libraire , quai des Augustîns ,
n» 10.
DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET.
M DCCC VIIL
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^^37^ AVIS DE L'ÉDITEUJ^, /
Sur quelques-unes des Pièces qui composent
ce volume.
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X ouTEs les pièces qui composent ce volume ^ à l'exception de six publiées par Barbazah, ti'èttt pas encore été imprimées, plusieurs même "** sont pas connues. Je vais donner l'idée de quel- ques-unes, n ::
Le Bouchier d^^bbeçille, revenant d'un mar- ché, est contraint par la nuit de s'arrêter datis un village où il n'y a voit qu'une mauvaise au- berge, Une pauvre femme l'engagé à aller de- mander l'hospitalité au curé, qui la lui refuse durement ; mais en s'en retournant, il rericontre un troupeau de moutons appartenant au curé; il en enlève un fort adroitement , avec lequel il vient de nouveau lui demander l'hospitalité ; elle lui est accordée. Le mouton est mangé. Le Boucher, bien fêté, joue encore un autre tour au curé, qui n'est instruit que le lendemain qu'il a été la dupe de son hôte.
Le Présure c^on porte est une imitation du Segretain Moine, mais avec des différences con- sidérables dans les détails.
Le Lai de Graelent offre l'histoire d'un Che- valier aimable et courageux, qui est au service d'un Roi de Bretagne. La Reine , sûr les éloges
a3
Vj A V ï s
qu'elle en entend faire^ en devient amoureuse ^ et finit par le lui apprendre; maid le Chevalier s'excqse d'y répondre j parce qu'il a jure fidélité au Roi. La Reine, piquée de son refus, cherche l'occasion de se venger; et l'ayant trouvée, Grac- ient alloit être condamné à mort, lorsqu'il en fut délivré inopinément , et au moment qu'il avoit perdu tout espoir.
Dans la Bataille de Karesme et de Charriage ^ on voit un tableau fidèle de la manière dont la ^\|erre s est faite long-tems en Trance. Karesme convoque tous les poissons de mer et de rivière, jet tous les légumes, laitage, etc. pour le soutenir. Cbaruage mande tous les animaux, gibier et volaille, pour le défendre. La bataille est très- meurtrière de part et d'autre : la nuit sépare les combattans; mais Karesme apprenant que Noël amène un secours considérable à sou ennemi , convoque son conseil, dans lequel on décide de demander la paix k Charnage, qui en règle les conditions.
Hkà, P atenostre à l^Userier présente une es- quisse des prières qu'il fait, et qui sont entre- tmélées de réflexions sur son commerce.
Le Credo à VUserier est l'histoire d'un Usurier à l'article de la mort. Il voit déjà les diables au- tour de lui. Un prêtre lui fait dire le credo, qu*il entremêle également de réflexions sur les événe- mens de ^on commerce , et sui^ le mauvais emploi
DE l/È D 1 T E U n. V^
que sa femme fera de ce qu'il lui laisie* U se fait apporter tolut son argent , et malgré les exhdrtà* lions du prêtre; il meurt comme il a/v^cu.
Le jKilain qui conquist Paradis par plait^ ëtant.mo;:*t sans qu'il se trouyât ni ange ^i diable po^r recevoir son ame, elle. erra seule. Ayant apperçu Saint Michel qui en conduisoit une, il le suivit jusqu'en paradis. Saint Pierre vouloît l'en faire sortir, mais il plaida si bien sa cause ^ et contre lui, et contre Saint T]iomas, et contre Saint Paul , et enfin devant ï)ieu même , qu'il la j;agna. Le poète finit par ce proverbe : Miex-paU engien que ne f et force.
Le Soucretain et la Famé au Chepalier ëtant devenus amoureux l'un de l'autre , prennent le parti de s'éloigner. A cet effet, l'un emporte tout ce qu'il trouve dans le trésor de l'abbaye , et l'autre, tout ce qu'il y a de meilleur dans sa mai^ son» Us* se retirent dans une ville éloignée de quinze lieues ; an les découvre , et ils sont mis en prison. Comme ils a voient toujours ea une grande dévotion envers la Sainte Vierge^ ils im* plorent son secours en cette détresse. Elle leur apparoît , tenant enchaînés lea deux diables qui les avoient poussés à fuir, auxquels -elle ordonne de reporter le Sacristain et la Dame, ainsi que tout ce- qu'ils avoient emporté , et de revenir ensuite prendre leur place dans la prison^ en
a4
^raj . A.v I 1$
même ibêms que leur ressemblance. Les moines et le! mari, ,étônnëS: de revoir les fugitifs, les prennent pour «des. fantômes^ et retourrneut à la ville où ils aypient laissé les prisonniers. Accom- bagnés de re'vêque', ils vont à la prison, où ils
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trouvent les diables, qui, n^osant mentir'devânt l'eVeqùe, avouent que c*^est à leur instigation que le Sacristain et la Dame ont commis cette action, mais qu'ils n'ont pu les faire tomber 'en '
Le sujet de Narcîsus est entiereiiient puisé dans Ovide.
L'auteur du fabliau de Coquaigne débuté par dire que la science ne gît pas dans une grande barbe ; car, si cela étoit , les boucs et.lesiîhèvres en auroient beaucoup. Il dit ensuite qu'ayant été demander une pénitence au Pape, il l'envoya dans un' pays où plus on dort , plus on gagne. Les murs des maisons sont faits de barbeaux ^ de saumons et d'aloses;, les chevrons sont d'estur- geons, les couvertures de lard, les lattes de sau- cisses. Il y coule une rivière dont un côté est de vin i^ôuge, le meilleur qu'on puisse trouver à Baune; etUautre côté est de vin blanc, le meilleur iqui vienne à Auxerre ,i la Hochelle et Tonnerre; ! chacun en peut boire à volonté. Tout le conte est du même genre, et il est vraisemblable qu'il a fiervi de modèle à Rabelais* pour faire la descrip- rtio^^du pays de Papimanie. '
D E li* 3S.D I T E U R. IX
Barat et Haimet Aont deux, fûèTé$9 auxquels s'étoit associé Travers , pour faire le métier de larrons; mai]». ayant Vu un jotlt 4^s preuves de la subtilité de ses compagnons , é.t be se sentant pas capable d'en faire autant^ il retourna auprès de sa fehime; et se jivra si bien au travail, qu'il parvint à ache^eii un cochon, qui! tua, et l'ac- èvocha à une solive; Un jour^ pendant qu'il étoit àll^ iau boîs'^^iseS deux compagnons ^nrent chez lui, et tout 'eh questionnant Dame Marie, ils futtetèi*étit de^s'yeux'pàr-tout, et appetçurent le* cofchon. Ils 8ortïi*èôt ensuite, et allèrent se cacher détrière uné^haie. À son retoût'. Travers apprit la *^i^ite qufe sa femme avoit reçue ; et d'après ce qu'elle' lui dit,' il kè douta que c'étoient ses an- ciens compagnons. Il Craigiiît alors pour son cochon, et regretta dé ne ràvoîr''pas vendu le saiiièdi précédéht. Cependant il se décida à le cacher. Barat^ et Haimet revinrent effectivement le^ôir ; le cochon fut enlevé et ïè^pris plusieurs fois; enfin Travers lut obligé, pour en avoir une portion, de leur abandonner les deux autres. Le poète finit en disant que la compagnie des larrons est toujoulrs à tîraindre.
Tu^Chastelaine deJ^ergy a été mise en roman, mais cette aventure touchante y perdant une partie de l'intérêt qu'elle inspire, par les faits étrangers qu'on y a ajoutés, j'ai pensé qu'on la liroit avec plus de plaisir dans l'original»
A V 1 8 t .' *'
fable ée Piramus et Tièbé est là même ifue
daiïS Ovide.' - ,;::'!-';'.î
Floràncl^ êb Sianùhe Plor it%nt yenuer^ ittii jour d été , ' dains un jardin pour se récréer, là conversation^ tomba sur Pamour^ La première
demanda, à :dai compagne, i qnt elleavoil; donné son coeur. CèlleHci luiirépondit^e c'étoit à un
Clerc y et en fit en même tems le plus grand éloge. Floi^dn^e la blâma de ce qu'^le.n'^voi|t pa$
donné la préférence à un Chevdîer. Iljjr eut une si gr^^e contestation:, que l'on convînt d^ la f^irie ju^er à la Coût du Dieu d'ao^m^^ }£lles s'y ren- dirent montées sur des palefrqi^ p}u6 blaqc^qme la neige. Elles expc^èrent leurs ra^i^;.et laprès plusieurs débats , le Rossignol ,i iprenant le parti des» Givres y se battit à outrance :ftyec le Perro-^ quet, qui^tenoit pour les Chevalier^; mais ce dei^içr ajant été vaincu , rendit son épée au JBlossignol , en confessant que les Clercs étoient pLus.courtois^que les Chevaliers, florance en fut si vivement affligée , qu'elle mourut peu de mo« mens après.
. luAMale Dame avoit pris untel^empjp:*^ aur le Chevalier son mari, qu'il ne pçuvoit rien dire ni faire sans être contredit. Ils avoient Un^ très- belle fille. Un Comte du voisinage, qui en avoit entendu parler, desiroit beaucoup de la voir* Un jour qu'il étoit allé à la chasse avec trois Chevaliers, surpris par un orage,, séparé, d^. S4
DE li' É D r T E U R. x)
suite et éloigné de chez lui, il tient, en mar* chant , eon^eil avec ses Chevaliers , sur ce qu'ils doivent faire , le soleil étant près de se coucher. Tout en parlant, ils arrivent dans un jardin qui tient à la maison du Chevalier, qui étoit assis sur un perron. Ils lui demandent l'hospitalité; mais il leur dit que , malgré le plaisir qu'il auroit de la leur a<îcorder, il ne peut le faire à cause de sa femme, dont il fait connoitre le caractère; que cependant, s'ils veulent faire ce qu'il leur dira, ils auront ce qu'ils désirent. Le stratagème réus- sit, non-seulement pour les mettre à couvert, mais encore pour les faire bien traiter, et obtenir au Comte la pucelle en mariage. Elle voulut imiter sa mère avec son mari; mais il la corrigea si bien , qu'elle perdit l'envie de recommencer; Le Comte profita d'une visite que lui fît sa belle* mère, pour lui faite à elle-même une correction beaucoup plus sévère ; et telle, qu'elle fit serment d'être à l'avenir soumise à son mari , et de ne le dédire jamais.
î-e fabliau des Tresces est Thistoire d'une femme qui fut assez adroite pour persuader à son mari qu'il a voit rêvé qu'il Tavoit battue et meurtrie , et lui avoit coupé les cheveux. Elle lui fit voir qu'elle ne portoit la marque d'aucun coup, et que sa chevelure étoit intacte.
Guillaume au Faucon est un beau Damoiseax qui devient amoureux de la femme du Châtelain,
3d j AVIS
qu'il sert depuis sept ans. Il n'a voit pas encore osé le lui faire connoitre; mais son maître étant allé à un tournoi dans un pays éloigné, il profite de cette absence pour faire sa déclaration. Elle est rejetée. Guillaume la prie de recevoir en doa le serment qu'il lui fait, de ne boire ni manger avant d'avoir obtenu ce qu'il désire. Il y avoit déjà près de quatre jours qu'il jeûnoit, lorsqu'on apprit le retour du Chevalier. La Dame en pré- vient Guillaume : il persiste dans sa résolution, malgré les menaces qu'elle lui fait. Le mari arrive, veut savoir le motif de la maladie de son écuyer. Sa femme, touchée enfin de sa perse* vérance , dit qu'il lui avoit demandé son faucon favori, qu'elle avoit refusé. Le Chevalier le trouve mauvais, et ordonne quW le lui donne. La femme lui dit que , puisque son mari consent à lui donner ce qu'il désire , elle ne s'y opposera plus, et qu'il doit être guéri* Effectivement, il se leva sur-le-champ.
La Patenostre d^ amours et le Credo au Ri- haut, tirés du Mss. n^ 7218, sont dans le même genre que celles de même nom qui sont aux pages 99 et 106 de ce volume. Dans la Patenostre, un amant exprime ses regrets sur la difficulté de voir son amie; et dans le Credo, c'est un débauché qui regrette sa vie dissolue.
Estourmi est une autre imitation du Segretain
r'
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DE li' É b I T E U R. Xiij
Moine; mais les détails en sont encore diffé- rens^ Au lieu d'un seul mort à cacher, il y en a trois ) et même quatre.
Dans la Houce partie , un père, pour marier son fils plus avantageusement, consent à lui abandonner tous ses biens. Il reste plus de douze ans avec ses enfans , sans avoir lieu de regretter ce qu'il a fait. Devenu vieux, il est à charge à ses enfans; sa belle-fille fait tant auprès de son mari, qui la craignoit , qu'elle le décide à renvoyer son père. Il lui annonce donc qu'il doit sortir de la maison; ses prières ni ses larmes ne peuvent changer cette résolution. Tout ce qu'il obtient de son fils ingrat, c'est une housse de cheval pour le garantir du froid. Ce fils avoit lui-même un enfant d'environ douze ans , qu'il charge d'aller choisir la meilleure housse. Avant de la donner, il la coupe en deux, et en garde la moitié. Il avoit entendu répéter plusieurs fois le sacrifice que son grand-père avoit fait, et ne l'avoit pas oublié. Sur les plaintes du vieillard, le père de- mande à son fils la raison de sa conduite ; et il lui répond que , voulant le traiter comme lui- même traitoit son père , il gardoit la moitié de la housse pour la lui donner quand il seroit vieux. Cette réponse fit rentrer le père en lui-même, et il rendit au vieillard tous ses biens.
XÎV AVIS DE li'EDITElTR.
La dernière pièce de ce volume / intitulée : JDes Famés, des Dez et de la Taverne , est un mélange de latin et de françois, qui renferme les réflexions d'un homme qui a passé sa vie dans les plaisir» 9 et qui fait des réflexions sages, mais tardives 9 sur l'état de détresse où il se trouve.
/
i*»
TABLE
Dies Fabliaux , Contes et autres Pièces contenues dans
ce volume.
Avis de rÉditeur. • . page v
Du Bouchier d'AbbevilIe i
Du Prestre c'on porte , ou la Longue Nuit. . . • ao
Le Lai de Graelent 57
.Bataille de Karesme et de Cbarnage 80
La Patenostre à TUserier 99
Le Credo à TUserier -. 106
Du Yilaiu qui conquist Paradis par plaît ^... 114
Du Soucretaiu et de la Famé au Chevalier 119
De Narcisus 1 43
C'est li Fabliaus de Coquaigne 175
Du Prestre et de la Dame. : 181
De TEscureul 187
Du C**^ qui fut fait à la besche 194
De la Pucele qui abevra le Polain, 197
Du Fotéor , 204
De Audigier 217
De Barat et de Haimet , ou des trois Larrons a 33
De la Grue 25o
Du sot Chevalier.. ; 255
Du Fçvre de Creeil a65
Ci après commence d'une Damoisele qui onqnes pour
nelui ne se volt marier, mais volt voler en Tair 27 1
C'est la Dame qui a veine demandoit pour Morel sa pro- vende avoir 276
De Berengier au lonc cul 287
Ci commence de la Chastelaine de Vergi , qui mori por
loiahnent amer son ami 296
Dé Piramu« et de Tisbé 3â6
li
■ •*
XXJ TABLE.
Ci commence de Florance et de Blanche Flor, alias ^
Jugement d'amour • psige 354
. De la Maie Dame, alias, de la Dame qui fu escoUiée*. . 365
Les quatre Souhais Saint Martin 386
Des Tresces 893
De Guillaume au Faucon • 4^7
. Du Prestre et d*Alison 427
• La Patenostre d* Amours 44r
Le Credo au Ribaut 445
D'£stourmi , 45a
La Houce partie 4172
Des Famés , des Dez et de la Taverne 485
Glossaire. 48g
FIN DE LA TABLE.
FABLIAUX
FABLIAUX ET CONTES
DiES POÈTES FRANÇOIS, DES XII, XIII, XIV ET XV SIÈCLES,
TIRÉS DES HEILIiEURS AUTEURS.
«
DU BOUCHIER D'ABBEVILLE.
PAR EUSTACHE D'AMIENS.
Manuscrits, n9« 72x8 et 7989.
a.
dsiGNOR, oîez une merveille^ Conques n'oïstes sa pareille, Que je vos vueil dire et conter: Or metez cuer à l'escouter. Parole qui n'est entendue^ Sachiez de voir , ele est perdue. A Abevile ot uns Bôuchier Que si voisin orent molt chier; N'estoit pas fel ne mesdizanz, 10 Mes sages , cortois et vaillanz Et loiaus hom de son mestier, Et s'avoit sovent grant mestier Ses povres voisins soufraitex^ N'estoit avers ne covoitex. Ent or fesle Toz-Sains avint Qu'à Oisemont au marchié vint Li Bouchiers bestes achater ^ ^ Mes ne fist fors vole gaster;
IV.
.V
2 FABLIAUX ET CONTES.
Trop i trova chieres les bestes ,
20 Les cochons félons et rubestes^ Vilains et de mauves afere , Ne pot à els nul marchié fere ^ Povrement sa voie emploia , Onques deniers n'i emploia.
Après espars marchié s'en torne , De tost aler molt bien s'atorne , Son sorcot porte sor s'espëe, Quar près estoit de la vesprée. Oiez comment il esploita ,
3o Droit à Bailluel il anuita En mi voie de son manoir , Quar tart estoit ^ si fist molt noir : Fenssa soi plus avant n'ira y Mais en la vile herbregera : Forment doute la maie gent Que ne li toillent son argent Dont il avoit à grant foison. A l'entrée d'une meson Trueve une povre famé estant ,
4o n la salue et dist itant.
A-il en ceste vile à vendre
Riens nule où l'en péust despendre
• Le sien por son cors aaisier ,
Conques n'amai autrui dangier? La bone famé li respont , Sire , par Dieu qui fist le mont , Ce dist , mes barons sire Mile ^ De vin n'a point en ceste vile Fors no prestres sire Gautkrs
5o A deus toniaua sor aes chantiers
PABLïAtJîC Et CÔÎ^tES. 5
Qui li vindrenl de Noientel :
Toz jors a-il vin en tonel ,
Alez à lai pot ostél fyrendre.
Dame y g'i void aanse plnâ atendre y
Dist li Bouchier» j et Diôx Vos ôtttit.
A foi , sire , DSex vo» consaitt*
Atant 8*en part, n'i Vont plû^ estre,
Venuz est au manoir le preé*r6 :
Li Doiens séoit aor son sicidfl , 60 Qui molt fu plains de grant or^dl.
Cil le salue et pm» li dist :
Biaus sire, que DieX vos rfit !
Herbregiez moi par charité ,
Si ferez honor et bonté.
Preudom , fet-i! , LWex ^o^ hêr^tti ,
Quar foi que doi à «aint Hnb^rt
Lais hom cëenz jà ne gîrra ,
Bien ert qui vou3 herbwgera
En celé vile là aval , 70 Querez tant amont et aval
Que Vous puissieas o»tel ^Voif,
Quar je vos fes5 bien arsavoir,
Jà ne girrez en cest pôrpri^,
Autre gent î ont ostel pris,
Ne ce n'est pas Côustame à pféaîtte ^
Que vilains h(Kn gi^ éU son eiMjr^r
Vilains ! sire , qu^arez Vcis dit?
Tene^vos lai hoftrk en cfespif ?
Oïl , dist-il , si ai tesùtt , 80 Alez ensus de ma mes^on ,
Il m'est tvîs ce soit ramposnc?.
Non est, sire , dmt seroit auiiMi^ne
A2
4 FA.BLIAUX ET CONTES.
S'anuit mes me prestiez Tostel , Que je n'en puis trover nul tel. Je sai molt bien le mien despendre ^ Se rien nule me volez vendre , Molt volenliers Tachaterai , Et molt bon grë vos en saurai , Quar je ne vos vueil rien couster*
90 Ausi bien te vendroit hurter Ta teste à ceie dure pierre. Ce dist li Doiens^ par saint Piere , 3k ne girras en mon manoir. Déable i puissent remanoir, Dist li Bouchiers, fols Chapelains, Pautoniers estes et vilains.
Atant s'en part , ne volt plus dire , Plains fil de grant corouz et d'ire: Oiez comment il li a vint.
100 Si com hors de la vile vint Devant une gaste meson Dont chéu furent li chevron , Encontre un grant trope d'oeilles ; Por Dieu or escoutez merveilles. n demanda au pastorel Qui mainte vache et maint torel ^ Avoit garde en sa jonece ,
PaLstres, que Diex te doint léece, Cui cist avoir? sire no prestre :
110 De par Dieu , fet-il , puist-ce estre. Or oiez que li Bouchiers fist, Si coiement uns mouton prist , Que li paistres ne s^en parçut : ^ Bien l'a engingnié et déçut.
FABI^IAVX ET CONTS5.
Maintenant à son col le rue. Parmi une foraine rue Revient à Fuis le prestre arrière , Qui molt fu fel de grant manière , Si comme il dut clorre la porte;
i*iO Et cil qui le mouton apcMrte,
Li dist , sire » cil DieK tos saut y Qui sor toz homes puet et vaut. Li Doiens son salu li rent y Fuis li demande i&nelement , Dont es-tu? d'Abevile sui, A Oisemont au marchié fui y N'i achetai que cest mouton y Mes il a molt cras le crépon ; Se anuit mes me herbregiez,
i5o Que bien en estes aaisiez^ Je ne sui avers ne eschars^ Anuit iere mengié la chars De cest mouton , por qu'il vos plaise ^ Quar porté l'ai à grant malaise.
La Doiens pensse qu^il dit voir. Qui molt goulouse autrui avoir : Miex aime uns mort que quatre vis, Dist ain» comme il m'est avis: Oïl , certes molt volentiers,
i4o Se vos estiez ore vos tiers, S'auriez-vos ostel à talent ; C'ainz nus hom ne me trova l^it De cortoisie et d'onor fere : Vos me samblez molt debonere , Dites moi comment avez non ? Sire, par Dieu et par son non ,
A3
6 FABLIAUX ET CONTES.
J'ai non David endroit baptesme , Quant je reçui et huile et cresme j Travailliez sui en ceste voie :
i5o Jà Dame-Dîex celui oe voie Afoi cui ceste beste fa , Tans est huimès d'aler au f u« Atant s'en vont en la meson Où le feu estoit de m$on. Lors a sa beste mise jus , Puis a regardé sus et jus ^ Une coingnie a demandée , Et on li a tost apoitée. Sa beste tue et puis l'escorce,
160 Sor un banc en geta l'escorce , Puis le pendi lor iex voiant. Sire , por Dieu , venez avant , Por amor Dieu or e^ardez Com cis moutons est amendez ; Véez comme est cras et refais ^ Mes molt m'en a pesé li fais , Que de molt loing l'ai aporté : Or en fêtes vo volonté* Cuisiez les espaules en rost,
170 S'en fêtes mètre plain un pot En essiau avoec la mesnie i Je ne di mie vilonie , Ainz mes plus bêle ohar ne fu. Metoz le cuire sor le fu , Véez com est tendre et refeté , Ainçois que la saveur soit fête Ert-ele cuite voirement. Biaus ostes, fêtes vo talent \
FABLIAUX ET CONTBS.
Sor vos ne m'en saî entremetre»
180 Fêtes donques la table mètre , C^est prest , n'i a fors de laver , Et des chandoiles alumer.
Seignor^ ne tos mentirai mie, Li Doiens avoit mie mie Dont il si fort jalous estoit. Toutes les foiz qu'ostes avoit, La fesoit en sa chambre entrer ; Mes celé nuit la fist souper Avoec son oste liement.
190 Servi furent molt richement De bone char et de bon vin* De blans dras qui erent de lin Fist-on fere au Bouchier un lit , Molt ot léenz de son délit. Li Doiens sa meschine apele , Je te commant, fet-il, suer bêle , Que noz ostes soit bien et aise , Si qu'il n'ait rien qui li desplaise* Atant se vont couchier ensamble
200 II et la Dame, ce me samble , Et li Bouchiers remest au fu* Ainz mez si aaisiez ne fu : Bon ostel ot et biaa samblant* Bêle suer, fet-il, yien avant. Traite en ça, si parole à moi , Et si &i ton ami de moi : Bien i porras avoir grant prea* Ostes, tesiez, ne dites preu $ Jà n'apris onques tel afere*
210 Par Dieu or le te covient fere
A4
X
8 FABLIAUX ET CONTES.
Par tel convent que je dirai : Dites le donc et je l'orrai. Se tu yeus fere mon plesir Et tout mon bon et moa désir. Par Dieu que de vrai cuer apel , De mon mouton auras la pel. Biaus osles , jamès ce né dites , Vous n'estes miie droiz hermiles. Qui tel chose me requérez : 220 Molt estes de mal apenssez ;
Dieu merci, com vous estes sos^ Vo bon fëisse, mes je n'os, Vous le diriez demain ma Dame. Suer, se jà Diex ait part en m'ame, En ma vie ne le dirai, Ne jà ne t'en encuserai. Dont li a celé créante Qu'ele fera sa volentë Toute la nuit tant que jors fu ^ 200 Dont se leva et fist son fu ,
Son harnois et puis trest ses bestes. Lors primes s'est levez li prestres : n et son Clerc vont au moustier Chanter et fere lor mestier ; Et la Dame remest doi^mant, El ses ostes tout maintenant Se vest et chance sanz demeure, Quar bien en fîi et tans et eure. En la chambre , sanz plus atendre , 24o Vint à la Dame congië prendre : La clique sache , Fuis ou vri , La bêle Dame s'esperi ,
FABLIAUX ET CONTES. 9
Ses iex ovri , son oste volt
Devant s'esponde trestout droit ; S
Lors li demande dont il Tient Et de quel chose il li sovient. Dame, fet-il, grâces vos renl , Herbregiez m'avez à ^lent Et molt m'avez biau samblant fait. aSo Alant vers le chevés se trait. Sa main mist sor le chaveçuel Et tret arrière le linçuel, Si voit la gorge blanche et bele Et la poitrine et la mamele : E ! Diex, dist-il, je voi miracles, Sainte Marie, saint Romacles ! Com est li Doiens bien venu%
Qui o tel Dame gist toz nuz !
Que si m'aït sainz Onorez, 260 Uns Rois en fust toz honorez :
Se j'avoie tant de loisir
Que g'i péusse un poi gésir,
Refez seroie et respassez.
Biaus osles , ce n'est mie assez
Que A'^ous dites , par sains Germain ^
Alez là hors, ostez vo main :
Me sires aura jà chanté ,
Trop se tendroit à engané
Se en sa chambre vos trovoit, '1^^ James nul jor ne m'ameroit ;
Si m'auriez mal baillie et morte.
Et ci} molt bel la réconforte. Dame, fet-il, por Dieu merci,
James ne moverai de ci
lO FABLIAUX ET CONTES.
Por nul home rivant qui soit , Ne se li Doiens i venoit , Por qu'il déist une parole - Qui fust outrageuse ne foie. Je Tociroie maintenant , 380 Se de riens nule aloit grouchant* Mes fêtes ce que je voudrai , Ma piau lanue vous donrai Et grant plenté de mon argent. Sire, je n'en ferai noient, Que je vous sent si à estout Que demain le diriez par tout. Dame, dist-il, ma foi tenez Tant corn je soie vis ne nez , Ne le dirai famé ne home 390 Par toz les sainz qui sont à Rome. Tant li dist et tant li promet , La Dame en sa merci se met , Et li Bouchiers bien s'en refet. Et quant il en ot son bon fet , D'iluec se part, n'i volt plus estre, Ainz vint au moustier où li prestre Ot commencié une leçon Entre lui et un sien Clerçon , Si com il distf Jubé Domne, 5oo Ez le vous el moustier entre. Sire, fet-il , grâces vos cent, Ostel ai eu à talent , Molt me lo de vo beau samblant, Mes une chose vos demant Et vos pri que vos le faciez , Que vos ma pel achetassiez ,
FABLIAUX ET CONTES. Il
Si m'auriez délivré de paine :
Bien i a trois livres de laine ^
Molt est bone, si m'ait Diex, 3 10 Trois sols vaut , vos l'aurez por deux ,
Et molt bon gré vos en saurai*
Biaus ostes, et je le ferai
Por l'amor de vos volentiers,
Bons compains estes et entiers :
Revenez moi vëoir sovent.
Sa pel méisme cil li vent ,
Congié demande , si s'en va.
Et la Dame lors se leva
Qui molt ert jolie et mingnote, 3 20 Si se vesti d'une vert cote
Molt bien faudëe à plois rampams.
La Dame ot escorcié ses panz
A sa çainture par orgueil :
Cler et riant furent si ccil.
Bêle , plaisans ert à devise ,
En le caiere s'est assise.
La baissele , sanz plus atendre ,
Vint à la pel y si la vont prendre ,
Quant la Dame li deffendL 55o Diva 9 fet-ele , quar me di ,
Qu'as-tu de celé pel à fere?
Dame, j'en ferai mon afere,
Je la vueil au soleil porter
Por le cuirien &re essuer.
Non feras, lai le toute cole ,
Ele prend roit trop sor la voie ^
Mes fai ce que tu as à fere.
Dame , dit-el, je n'ai que fere ,
13 FABLIAUX ET CONTES*
Je leyai plus matin de tous;
34o Afoi maugré en aiez-roos ^
Vous en déussiez bien parler. Traite ensus, lai la pel ester. Garde que plus la main n'i metes^ Ne que plus ne t*en entremêles.
En non Dieu, Dame, si ferai > Toute m*en entremêlerai , J'en ferai comme de la moie: Dis-tu donques que la pel est toie? Oïl , je le di voîrement.
35o Met jus la pel> Ta, si te pent. Ou le noie en une longaiugne. Molt me torne ore à grant engaingne Quant tu deriens si orguilleuse. Pute, ribaude, pooilleuse. Va tost , si Tuide ma meson. Dame, tos dites desreson. Qui por le mien me ledengiez : Se vos sor sainz jure l'ayiez , S'est-ele moie : touteroie
56o Vuide l'ostel , va , si te noie. Je n'ai cure de ton service. Que trop es pautoniere et nice : Se me sires jure Ta voit , Cëenz ne te garantîroit ; Si t'ai-je ore cueilli en hé. Parmi le col ait mal dehé Qui jamès jor vos servira. J'atendrai tant que il venra Et puis après si m'en irai ,
070 De vos à lui me clamerai.
FABLIAUX ET CONTBS. \5
Clameras , pute vîex buinarde ,
Pullente y ribaude , bastarde !
Bastarde, Dame^ or dites mal,
Li vostre enfant sont molt loial
Que vos avez du prestre eus*
Par la Passion Dieu^ met jus
La pel, ou tu le comparras^
Mîex vos vendroit estre à Arras,
Par les sainz Dieu , voire à Coloigne. 58o Et la Dame prent sa quenoille ,
Uns cop l'en done et ele crie :
Par la vertu sainte Marie ,
Mar mi avez à tort batue , , La pel vos ert molt chier vendue
Ainçoîs que je muii*e de mort.
Lors pleure et fet un duel si fort.
A la noise et à la tençon
Entra li prestres en meson :
Qu'est-ce, dist-iU qui t'a ce fet? 5^0 Ma Dame , sire , sanz meEfet.
Sans meffet voir ne fu ce mie
Qu'ele l'a fet tel vilonie.
Par Dieu , sire, por la pel fii
Qui là peut encoste ce fu :
Biax sire , vos me commandastes
Ersoir quant vos couchier alastes ,
Que nos ostes sire Davis
Fust aaisiez à son devis ,
Et je fis vo commandement, 4oo Et il me dona vraiement
La pel, sor sainz le jurerai,
Que molt bien deservie l'ai*
t
il FABLIAUX ET CONTES.
Li Doîens ot et aperçoit Aus paroles qu'ele dîsoît , L'a voit ses ostes enganée , Por ce li ot sa pel donée ; S'en fu coroocîez et plains d'ire, Mes son penssier n'en osa dire. Dame, fet-il, se Diex me saut,
4io Vos avez fet trop vilain saut; Petit me prisiez et doutez , Qui ma mesnie'me bâtez. Ba ! qu'ele veut ma pel avoir. Sire, se vos saviez le voir De la honte qu'ele m'a dite , Vos l'en renderîez la mérite , Qui voz enfans m'a reprovez : Mauvesement vos en provez , Qui soufrez qu'ele me ledange
420 Et honit toute par sa jangle. Je ne saî qu'il en avendra , Jà ma pel ne li remaindra : Je di qu'ele n'est mie soie. Qui est-ce donques ? par foi moie. Vostre ! voire par quel reson? Nos ostes j ut en no meson Sor no coûte, sor no linceus, Que mangré en ait sainz Aceus, Si volez ore tout savoir. ,45o Bêle Dame, or me dites voir Par celé foi que me plevistes , Quant vos primes cëenz venistes, Celé pel doit-ele oestre vostre ? Oïl , par sainte Pâtre nostre.
FABLIAUX ET CONTES. i5
Et la baîssele dist adonques,
Biaus sire, ne le créez onques,
Ele me fu ainçois donée.
Ha ! pute y mal fusses^tu nëe !
On TOUS dona la passion^ 44o Alez tost hors de ma meson, .
Que maie honte vos aviegne
Par le saint Signe de Compiegne.
Dist li prestres, vos avez tort :
Non ai, quar je le haz dé mort,
Por ce qu'ele est si menterresse
Celé ribaude larronesse.
Dame , que vos ai-je emblë?
Ribaude , mon orge et mon blé,
Mes pois , mon lart , mon pain fetiz : 4So Sire , vos estes trop chetiz
Qui céenz l'avez tant soufferte ;
Sire^ paiez li sa déserte,
Por Dieu si vos en délivrez :
Dame , fet-il , or m'entendes.
Par saint Denis je vueil savoir
Laquele doit la pel avoir :
Celé pel qui vos la dona ?
Nostre ostes quant il s'en ala. Vois por les costez saint Mairtia , 4€o U s'en ala dès hui matin
Ainz que fust levez U solaw :
Diex , com vos estes desloiaos
Qui jurez si estoutement ;
Ainz prist congié molt bonemeiit
A moi quant il s'en dut aler.
Fu-il donques à vo lever?
l6 FABLIAUX ET CONTES.
Nenil^ adonc je me gisoie, De lui garde ne me donoie > Quant je le vi devant m'esponde,
470 Or estuet que je vos desponde.
Et que dîst-il au congié prendre? Sire , trop me volez sorprendre : Il dist, à Jhesu vos commant, Adonc s'en parti a itant, C'ains plus ne parla ne ne dist ^ Ne nule riens ne me requist Qui vos tornast à vilonie ; Mes vos i chaciez boiserie, Onques ne fui de vous crëue ,
48o Et si n'avez en moi vëue ,
Grâce Dieu , se molt grant bien non ; Mes vos i chaciez trahison , Si m'avez en tel prison mise Dont ma char est tainte et remise. De vostre ostel ne me remue, Mise m'avez muer en mue. Trop ai esté en vo dangier Por vo boivre , por vo mengier. Ahi ! fet^il, foie mauvaise,
490 Je t'ai norrie trop aaise :
Près va que ne te bat et tue , Je sai de voir qu'il t'a f *** : Di moi por qoi ne crias-tu ? Il t'estuet rompre le festu ; Va , si vuide tost mon ostel , Et je irai à mon autel , Maintenant deseur jurerai , James en ton lit ne girrai.
Pat-
FABLIAUX ET COKTES* if
Par molt grànt ire s'est assis ^ ' 5oo Corouclez, tristes: et penssis.
Quant la Dame aïrë le voit.
Forment li poise qu'ele aroit -
Tencié ne estrivë.à lui:
Molt crient que ne li face anui*
En sa chambre s'en va atant.
Et li paistres vient acourant ,
Qui ses moutons avoit contez*
Ersoir l'en fu li uns emblez \
n ne set qu'il est devenuz , 5io Grant alëure en est venuz,
Gratant ses hines, en meson.
Li prestres ert sor sa leson
Molt corouciez et eschaufez :
Qu'est-ce? mal soies-tu trorez ,
Mauves ribaus, dont reviens-tu ?
Qu'est ce c'on fet, samblant fez tu^
Filz à putain, vilain rubestes :
Or dëusses garder tes bestes ^
Près va ne te fier d'un baston. 520 Sire , n'ai mie d'un mouton
Tout le meillor deno tropë ,
Je ne sai qui le m'a etnblë. >
As*tu donques mouton perdu ?
On te déust avoir pendu : ^
Mauvésementles as gardez.
Sire , fet-il , or .m'entendez.
Ersoir quant en la vile entrai ,
Un estrange home i encontrai Que onques mes vëu n'avoîe 53o En champ, n'en vile , ne en voie 5
IV. B
1$~ FABLIAUX BT CONtlê.
Qui molt mêBt bettes esgarda ^ Et molt m'enqui^t et demanda ' Cui cis biaus avoirs pooit eetre^ Et je li di sire uo prestre : Cil le m'embla , ce m'est avis. Far les sains Diea» ce fii Daris Noz ostes qui çëems a jut, Bien m^a engingnié et deçat Qui ma mesnie m'a f ***,
54o Ma pel mëisme m'a vendue;
De ma mance m'a ters mon nés ,
En mal eure fuisse jeu nés^
Quant je ne m'en sens garde {Mrendre :
On puet cascun jor molt aprendre ,
De ma paste m'a fet tortd.
En conuoistroies-tu la pel?
Oïl, sire> foi que vos doi,
Bien la oonnoîstrfti, se la voî t
Je l'ai eu sept ans en garde.
55o CSil prent la pel, si la regarde Aus oreilles et & la teste , Connut bien la pel de sa beste* Harou ! las, dist li pasturiaus^ Far Dieu, sire, c'est Comoians, La beste que je plus amoie, En mon tropé n'a voit si ooie; Foi que je doi à saint Vincent , N'a voit si cras mouton en cent , Mieudres de lui ne pooit estre»
56o Venez ça , Dame, dist le prestre , Et tu , baisselé , vien avant , Parole à moi, je te commant j
FABLIAUX BT CONTBS* ^ 1^
Respont à moi quanl jç t'apd>
Que claimes-tu en ceste pel ?
Sire, treitoute la pel daim,
Dist la ineschine au chapelain :
Et Tos, que dites , bêle Dame ?
Sire , se Diex ait part en m'ame ,
Ele doit estre par drgit moiOv 570 Ele n'ert ne yostre^ ne soie,
Je l'acatai de mon «YOif ,
Ele me doit bien r^m^&oir ,
Il m'en vint prii^a? nu mouitilNr »
Là ù ge lisoie mm ^auti^r,
Par saint Pierre U Trui 4po0tr# ,
Elé n'iert ne 9Qh nç) Fo^trfy
Se par jugement ne l'avo^^
Seignor, vos qqi le# bieil^ Aaveg ,
Huitaces d'Amieuf VP» ^wxmé^$ 58o Et prie par amp^ (Pt mmle
Que vos faciez ci^ JMgQQieijLt
Bien et adroit et U^ummU
Chascun^ en di# ^n VQlpifj
liquels doit mi^ }4 f^l avoi^.
Ou li prestre», qu }% j^r^^^sif , 586 Ou la meschim pîpr^quwe.
Explicit du Bmwhi^r d*Ahbe9tiie*
£3
ao FABLIAUX ET CONTES.'
DU PRESTRE C'ON PORTE,
ou LA LONGUE NUIT.
t Manuscrit , n^ 7695.
_ »
JL/'UN Prestre tous di et recort
Qui a voit torné sen atort
En luxure et en trecherie ,
Et en malyaiste et en folie ^
Tout en apiert se part clamoit.
Le &me d'un preudome amoit,
Dont il faisoit molt à blasmer :
Cil qu'il ne s'en sot ù clamer
En est dolanz et molt maris y 10 Si con cius ki n'est pas garis
De mal ki vient de jalousie.
Et c'est la grande derverie
Del mont , si en vient mains anuis.
Devant Noël, es longes nuis
D'iver , en la plus fort saison ,
Met sa famé un soir à raison
Li preudom , et dist : le matin ,
Dame, me métrai au chemin ,
Et s'irai un mien frère querre , * '
20 Qui maint en molt èstrange terre;
Mais je crient que ne vous déserte ,
Car ne cuit revenir à presche ,
Ne ne sai ù il mait de voir.
Sire , or puis*jou bien savoir
FABLIAUX ET CONTES. 2t
Que ne m'amëa ne poi ne grant , Qant yoQS m'aies si eslongant : Or remanrai chi toute seule. Celé ki le cuer amolt wele. Pense tout el qu'ele ne die. 3o Suer, dist-il, orne doutes mie, Dusc'a dei^i an revenraî^ Ainz le jour mon chemin tenrai Por plus me journée esploitier. Sire, dont pensés del couchier. Et si moyés sans nul séjour, Car jà orés corner le jour. •. Bien vous en croi, fait ses maris , Qui del sens n'est pas si maris ^ Que bien jie ct'en puist parceroir; < ■
4o C)......'
Mais il $uefire por plus aprendre. ; •
Et quant ce yint au congiet prendre , ^ : Ele soye^t acole et baisse, Mais onques n'en passa la haise> : Anchois s'en tome > et cil s'en va Qui une autre Yoie irora Par choi il rentra ^en son estre. Jà estoit Bourghes por le prestre , . . Qui toute coustumiere en fil y 5o - Et li bains ert jà sor le fu , JSt li capons mis en les poi. Li Prestres ariesta un poi , . Qui n'ot soing nul de lui retraire. Ld iilains, por viéoir l'afeire ,
(*) Il manque un vers dans le manuscrit.
b5
12 FABLIAUX ET COIfTSd.
Ert jà repus en an oapel ^ Quant li Prestres Vint à VoêVdL Bourghes en la oambre h maitiê t Dont venés-rous , &it»il , vilaine ? Biax dous sire, biax dotib Cdmpaidê ^
60 Descauchiés^Toiid) entres en baitu. Volentiers, Dame débduaii'è^ Entres i est sans nul plAit fidte> G)m dil ki aïÂeir se v%at« Borghës, si com faire le sêat^ Est molt preste de sMi serfict ^ Et la Dame s'est entremisie ^ De la tarte tantost li fiiit ^ En se court por des ces s'en vait^ Dont se tarte Toioit dorer;
jo Et Borghës, sans plus demorer , Por del feurre œurt à k grange. Soingkr puet eoiige molt étrange Li Frestres ki M bain s'est mis i D est jà el baing endornns ; Il cuide bien estre assëur^ Mais il dort à son mal ^or : Mestier li est ke U se gart^ Car li vilains est en esgart* De lui rengier tost se dëvoit ^
80 Tantost com endormi le voit^ Et ki n'a en l'ostel nelni , Fors seulement k Prestre et loi. Une fiirt corde a porchacié ^ Se li a ens el col lacîé^ A deus mains sache et tire fort Tant qu'il Ta estranlé et mort.
FABLIAUX ET GONTB». o5
Vengiés est de son anemi
Dont se feme &IsoIt ami :
Ainsi avint del Prestre fol* 90 Li loien li osta del col ,
Que on ne a^en voit percherant.
Tost est venus à Fuis devant ,
Et cria haut, ouvr^, ouvrés.
Or tost , Borghet , se baing covrës ^
Dist la Dame qui molt s'aïre ,
Qant ele entent ke c'est se sire*
Borghés ki à sa Dame entent ,
Un linceul sor le baing estant ,
Et dist, sires, ne vous movés, 100 Car se vousestiés chi trovésy
Vous sériés molt mal rechéus*
Ne dist mot , anchois est téus
La Prestres, car taire l'estuet p ■
Com celui ki parler né pueL
La Dame vint à Fuis lé cours ,
Correchie, plaine d'irous,
S'euvre Fcâs, lait ens son Signor «
Qui n'ot piecha joie grinor
Por la viande ke il voit : 1 10 Seur , &it*il , éurs me doit
Ceste nuis» tous en sui séurs.
Sire, encore ares plus grans eun^
Car jou Favoie bien somgiet
Très dont prisistes congieti|$
Mi ert avis , et bien savoie
Que jou erranment vous r'auroiei
Por chou ai la viande quisse*
Vos avés fidt 00m bien aprise»
b4
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ai FABLIAUX ET CONTES.
Que Diex joie ; hoîior vous preste ! lao Vës ichi le mahgier tout prest.
Je mangerai poî f) ; hui muir de faînL Séés dont sor ce feis d'eôtrain , J'arâi jà atome molt tost. Le capom ki est cuîs en rost Liaporte,et cil^feréhàité, ^ Et quant la tarte est dou feu traite , ' Devant lui en met la moitié. Celé a son afdire choitié Qui durement gi*ant pabr a , 100 Car li vilains riens ne gousta De vin, por leinién essiént, . Ne vausist niie* pbr nient
Se feme avoir quatre Wtiers.
Tant mangâ com li fii mêstiers ,
Et puis si est el lit aies ^
Mais ne se clioueâ pas d'alés
Sa fiime qUv au Ptestre Vînt ,
Dont molt sovent li riesovînt,' * *\
Car de fin cuer aime et désiré. ' " i4o Comment vous est-ïl, biàus dous'siré'?'
Molt avës este inal iservis ,
Car fast ore escotchiés vis
Mes fax vilaiiis cui je n'aint point '/"
Qant revenus est en tel pbint !
Vis Déable l'ont raporté.
Molt vous avons niai déporte*
Et jou et Borges me mèîsiciaè ^ '
Dont met sa main sor là poitrine ^
....'■ ' •■ t
(*) Le mot poi paroît ici de trop , et pour le sens et pour Ja mesure du yers.
.1'! Il: ^
1 ' 'f '
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FAJBLIÀUX ET CONTES. sS
Et voit t?il ne li respoiit mot, x5o He ! Diex, k'es-che dont? nés un mot !
Mes dous sirçs , jnes. dos amid ,
Vous estes .por chou engràmis '
Que plus tost ne sui rerenue ^ '■-
Mais voir si coilte.m'a tenue.
Mes vilains , k'il ait mal dehet !
Cui mes cui&rs et cui m'ame het ^
Que revider ne vous ossai :
Naiiporkant si toute ma cose ai '
Si arée et ^sî porquisse , * 160 Que preste sui de vo servisse;
Que vostre amors est bien» en moi*
Que ne par|é-voas dicmt à moi^ ^
Biax dous sires^ tbiaxiamis doits ?
Qu'esse ke ne répondes vous?
m
Cele parole ^ et chius: se taist ,
Et celé priés de lui se traist;
Si l'acole , chateillé et boute ,
Car prisse U est une gpute .
Dont il moU tost je.respasâast, 170 Se il ses r^ina li retatast.
A cele fois i a faliy
Borghés i est venue à li, « ; ;^ ^
Si dist , Dame , quel le ferës ? ^
Dites se vous vous baingnerés
Awec cest coxtois .Gapelain^
Laissiés dormir vostre .vilain
Qui n'a mie le ventre wit ;
Molt a ore plus dé d4duit, : .
Biax sire , en vous ke.en .tel jmil* 180 Hë , Borget , il.me tient si vil ^
a6 FABLIAUX ET C0NTE5.
Que il ne me daigne respondre : Bien cuit morir et de dnel fondre , Quant jou li ai m'amor donéè, N'encor ne m'a nés regardée. lÀ preudom ki fiiit la doraelle, Escoute^ si entent et oreIIe> Esgarde , ' si papçoit et yoit Comment se &me se derTCHt^ Et nanporquant nal mot ue âone»
190 Et mainte» manière araisone . La Dame son amit le prestre t Qu^esse-chott^ sire, que puet estre ? Ne poés^YOQs ouvrir les iûX ? Borget, si: me cousant Diex:> U ois Frettres est dédiait^, U il est tit>p mal affidtiés> *
Car il respptidre ne me daigne } Mais je cuit ehtr'eus ki se baigne lÀ est li parlers dettes»
soo Dame , dit Borget , or me etiéà 1 U ne sommeUe, ne ne dort : Se onques connut home mort y Dont saciës ke il n'est pas Tia $ Esgardës com il>le TÎa ^ Paie, descoùlorë et taint. Et jh li sont li oel estaint Ens el cief 9 œ n'etffc paa doute c Se il yéist ni oïst goate^ Cuidiës-Yous qu'il ne respotidiiÉ ?
310 La Dame entent ke v<nr ae djst > Si est deidoel et d'ire plaine > C'on n'i sent ne pous ne alaine^
/
FABLIAUX ET CONT^C^.
Et bien p^choit que il e6t mors. Lasse 9 que ferouA^nous del cors ? Fait dont Borges ki est yieeuse» Ld doulotiters semi huiseuse^ De riens n'i puet-^on conquester ) Dame , laissië le plait ester ^ Et si esploitoQs nostre afidre»
220 Sayés ke bon seroit à faire For laides paroles abatre ? Ayaine ayons chaieHs à batte , Prendons le Prestre ^ea ede pas > Et si le reponons el< tas | Que nel' parchoiye yos baroiu Tressi adonc que nos aroils Mileur fin que jou le deatr f Et en apriès ir<»xi8 |eflir : C'est li mieudre à dire yoir»
^3o Borgés^^ Vous kria dit le yoÎTp Ne jou n'i met nul o^atredit* Ensi fisent boiû de dit t Le Prestre de l'àVaiite atoeyr^t p Et apriès au dormil! ïecueypen^ La Dame d'ànui entadiiey > Est dalës aOn mari f[l#cîe. Qui fait ausi ke si doitilist> Car onques un seul mot n'i disl^ Et si a tout Veut loi^esti^
aio Bien set k'en l'ayaim estli Prostré Qui molt fîi Sd et tii^Uoili , Et ausi com tons sooûtdiloaB^ Tantost com ae fetnè se ooudbo, Seli dist^ bîele aoiie déuc^^
*^ FABLIAUX ET CONTE S,
Molt me poise ke noiis n'ayons Deniers , car nos voisins devons ; Il seroit mais bien tans à rendre y Faisons demain et batre et vendre Cel avaine de no capel ,
aSo Car jou en venl widier Tostel : Si en wel prendre de l'argent ; On doit très bien paier la gent De cho qant on l'a acrëue» Ha ! sire , d'ivaine batue A encor taût en no greniers , C'on en puet prendre assés deniers : Trois muis en avons , voire quatre, A ke faire feriés-vous -batre ? Faites vos greniers entamer.*
260 Biele suer, bien vous doi amer^ Se vous le dites por le miex 5 Mais demain, foi que doi mes iex, Ferai-jou batre toutes voies; Et que vauroient longes broies^ Se vous le me desconsiiliës ? ' ^ ' Jou seroie tous avilliës ,* Certes se por vous le laissoiel' Diex doinst q'ancore me croie De cose ki tourt à droiture ^
ujo Si fera-pli par aventure ,
Car ceste fois n'en feroie el : ■
Taisiëfl vous, il n'i<a el , >
Car ki setaist, ilserepose. >
La Dame plus parler n'en ose ,
Si porpensseen mainte guisse.
Hé ! Diex, Êiit-^, el cuer bi'es prise
FABLIAUX ET CONTES.'
Tel doloi* kî m'estuet lever , Ayiâ m'estiiet ke doie crever^ Li cuers me fent en deus moitiés.
â8o Ha ! bielesuer , car vous coucfaiés. Levés vous por santé avoir. Sire , vous dites droit et voir , Car el lever gist.la mechine. . Tantost s'en va à sa mescine^ Mot à mot li dist et despont . Comment ses vilains li despont Que demain weut batre s'avaine^ Et chou soit ore à puie paine Qu'il nous fait ensi travillier.
290 Dame , bien vous sai consillier , Voire si mes consaus vous plaist. Car de chou dont paine vous naist Serez-vous cuite hatieument , Et si vous dirai bien comment. Le Prestre hors del tas ostés^ Et en cel grenier le boutés U li avaine batue est ^ Ne sai milor conseil ke cest. fiorgé^ à chou est mes acors.
5oo Hors del tas boutèrent le cors , Où grenier Talerent muchier, Et après s'en revont couchier. Li preudom voit tout et consent. Lues com lés liii sa feme sent , Se li dist , biele douce amie , Je ne vous ot courrechier mie 5 Je me sui or reporpenssés , Vo bon ferai et tout vo ses (*) ,
/*) Je pense q[u'U faut lire oés, désir, yolonté.
29
(
5a FABI^IÀUX 8T CQNTB8V
Car bien sai ke raison i ^«
3x0 Cil ki anchois mt maria >
M'ema d'amor droite et parËnte : Or est emi y puii^ k'il tous haite , Que jou demain ferai widier L'a vaine qui est el grenier, Et si en ferai deniers prendra* Celle à balre laissiës à vendre. Fuis k'il TOUS siet et atalente. Sire , mais metë le à rente^ Et le batue retenez ,
520 D'autre consel ne vous tensez.
Par mon cîef , Dame , non ferai , Celi dou grenier venderaî , N'onques n'i metés contredit. Ahors, sire , vous aviés dit Que celi del tas venderiés Et le batue reteneriez : Qu'es-chou , ne sa vés-vous voir dire ? Dame , jel' vous veul contredire ^ Qant vendre vauc celi en garbe»
33o Or est ensi ke par ma barbe
Que des mois n'iert vendue mai^^ Et saciés por voir ke je lais Por vostre voloir acomplir y Mais nos greniers wel desemplir Comment ke li afaires tourt« Ha ! sire , je voi oele court Wasté de pesait et d'estrain ; Se vous &isiés batre demain , Nos biestes-i aroient preu,
34o Qui ont or à mangier molt peu ; .
FABLIAUX ET COKTfi*. Jt
Car grant disete ont de iburage.
Biele suer , plaine estes d'outrage ,
Qant por noient tous trariQièi ,
Car or me sni si consilliés^
Que jou de rostre Tolentë
Ne ferai cier tans ne plentë y
Por vous n'en feroient noient ;
Molt estes de fol enfient,
Qant nule parole esmotr^» 35o Certes, sires, vous tous proTés
Molt anieusement euTiers moi.
Et si ne sai raison por choî ;
S'en sui en grant ire esméue,
Si k'au cuer m'en est jk chëue
Si grans dolors , ce m'est aris ,
Que fors del cors me 3oit raTls
JÂ cuers à force soit esraiohiës)
Mais tant de Teritet saciés ,
Biax sires, se il puet estre , 56o Que Tolentiers parlasse au Prestre ,
Car mes maus me paine durement.
Dont Tos lerés hastëemenl ,
Aies à Borget de rechief ,
Si TOUS estraindera to def ,
Voire se mestiar en aTës.
Certes, sire, molt bien sarës
Que boins m'est ^ Diex k tous mire.
Lerée s'est sans plus à dire y
Tost est à Boi^t reTemie , 370 Et a la concilie tenue
De quanques elle «Toit kH*
Borget point ne s'en ^<â' ,
Sa F^BtlAUX ET ÇONTS».
Qui escoute tout et entent. ■ Dame, dist-ele, mes cuers tent A un conèel, se on le fait, Que cuites serons de cest plait. Ichi priés de nous a un iestre, Anter isseut mes sires Prestre Chiés un voisin , je vous di voir 5
38o niuec se nous faisons savoir, ; Dame, erramment le porterons, A son huis droit l'apoierons. Ensi me siet-il, biele amie» Où grenier neF lassierent mie ; n le trainenl hors par les bras , ' -Et revîestirent de ses dras, • Et recauchierent tost, et puis L'enquierkierent et portent à FmV; Se l'apoient tout en estant ,
590 Rient n'i fissent ne tant ne qant^ Mais durement i ont hurté , ^ Puis repairent à sauveté En leur hostel et couchent soi. Et li predons est en e&oi , Qui à son huis oï la noise ; Saciës bien ke point ne s'acoise. Mais molt s'en a ire , et tous nus Se lieve et est à Fuis venus : Ouvert Fa , mais molt s'esbahî
4oo Del Prestre ki sor lui ohaï.
Qant sor lui se sent tresbuchier. Se feme commencha à huchier : •Alume, fait-il , biele suer, Car je te di ke à nul fuer
N'ot
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NPot onques mais papr grignor j Vës ichi nç sai q.ud SigHOC, /. . >. Que sor moi s'est laitâiés yeraor*' Ne sai où il ftiet ec^Ter;sei:.> . • . : :: i / Mais d'itas^t sui séurs; e( fera . y ,.i; 4io Que il eut a Prestre^- u Clei:»^ . Ou auchuns reindiisd^abéîei . n il a par sa genglerie Geste noire cape empruçtëe. Celé a le candoille alumëe ». ; . i Et voit jesir tout esteudu ; , , Celui ki n'a mie.eatepdjii, . . < Qanques on li a demandât ,. Et qui vous avoj^t or mandjé.^ j;' , - .'> Sire Ghaplans^ c'or Ib me diteat,?. , . , o 420 Vous nt'e^tes mie fips hermîteç 5f *î . ; • . . ^, De chou4»ui-jou tQut.^i^ur, Et ke cest querés^li^QUS éftr , ; , . • Miex vous venist iestr^ àl^osteL . ;
Et qu'est chou , ne dire^-vous-el ?J ju Dites nouç au mains ki yo^ i^stes, ^ Nous te9ez7Vous ore^por^biostes» , Se vous ensi nous escajp^.:n mI-. ' ♦
Fuis ke vous is&i^4b;9féâ^lu p -r. >■ . Ha ! quel chanlaxM^,^^ f^^^l l^nj^fmi 490 La Dam^4ist à son.^^c^:. ,i,\ ., Sire, je cuit ke il dççt, ., ,, • - , Anchois le jcuiderpiç B^xt(^ r' i ^ .< ' • Biele sg^^^: car q^ptii}. ehaï , . Aiuc mot dire ne K ^: ...;, ... . ..
Car se il fiist de vie.pl^qs , -. Au mains, je cmi $§ lui^l^jl pli^
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^ FABLIAUX ET CONTE S,
Molt me poise ke nous n'ayons . Deniers , car nos voisins devons ; Il seroit mais bien tans à rendre , Faisons demain et batre et vendre Cel avàiné de no capel ,
2B0 Car jou en veul widier Tostel : Si en wel prendre de Fàrgent 5 On doit très bien paier la gént De cho qant on l'a acrëue» Ha ! sire , d*ivaine batue A encor taût en no greniers ^ C'on en puet prendre assës deniers : Trois muis en avons, voire quatre, A ke faire feriés-vous -batre ? Faites vos greniers entamer.*
260 Biele suer, bien vous doi amer^ Se vous le dites por le miex ; Mais demain', foi que doi mes iex, Ferai-jou batre toutes voies; Et que vauroient longes broies^ Se vous le me desconsiiliës ? • ^ Jou seroie tous avilliës ," Certes se por vous le laissoie^' Diex doinst q'ancore me croie De cose ki tourt à droiture j
ujo Si fera-pli par aventure ,
Car ceste fois n'en feroie el : • ■
Taisiëfl vous, il n'i<a el , >
Car ki se taist, il se repose. «
La Dame plus parler n'en ose.
Si porpensseen mainte guisse. ><
Hë ! Diex, Êiit--6le, el cuer bi'es prise
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VASSAUX 8 'reôntfet.' 5jr
Tant ]î a sa femeent^iHé 470 K'à chanâi on le PiMli^ portC
Là où enfouir le defOiC/ ^ ' * - ' Lés un fosaé paase,- A f^it - ^
Une jument paiMms au foâa | ' Li fossés n'iert le» M patftins, LT 11 jumela paift en •oedée. Illuec gisoit , tieste eliiiéè , ' Uns vilains ki entotir sbâ Imie ' ^ '^^'«^ De son oavestre oi&k UBj^lae^ < i -< Por se jument t6mt<t>lad cdKnle. 48o Chius ki le PresiMi perleif en roje ^ Arieste lés le jumentiele. Si qu'il ne muet ne ne eamchide t Assiet le Prestre eua tA estriâi^ Ne n'i fist mie sefeMsrtmé» , Car le piet en cascun li met , De plus fiiire^é sVnWettiét^ Ains s^en retoMIé etlb bonie pak. Quant li juntieâ^ déiMi lé^k, S'ele crele n'e$t pas biei'tenèt 490 ^ Li homs tona ésN!!nari9 Vesyeile ,
Car li cavestra lë-aétiWiie. ^
Ses iex eurrey isi garde amoixt j' 'I En le siele truevétièlai Qui n'a pat paôr'^ht de Jhii t Li vilains cuide cerUhièment "^ - Que li welle emblerse jument. ' ' Qu'esse > dist-il , preâdoxtie , \ gâé PaFi^mon cief ne l'emnenrés pas i De folie les eiïtrémi^ , ^ ' 5oo Ne sui mie 9t enderzbis '
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36 FABLIAUX» EX oov^rcisy
Q'ensil'en puissiëfremnéner: j - Ailleurs toas convient assénev , : > . Car chi n'est mie voa ei^plois ; : Mais vous le comparés anchois > Que vous soies de znoi partis, A deus mains prent touaaaUs. • Sa machue qui forment ipoise ^ ^ De grant vigor fiertetentoise, • Entre col et capîel l'ataint^
5io Si qu'il Tabat ; piais cri^ne plaint Li Prestres ne giete.au chair. Chou &it le vilain esmarîr y Qui de grant cop feiir le: paist , , Mais mervelle a qant il.se taist. Qant de ferir fu tous lassés^ . Un petit est avant passjfe, "Ex le caperon li sulievje,, Et bien saciés que ^moU^^U grîevè Tantost com ilLe reçojini^ist. .
620 He! Diex, dist-41; serilme loist De chest grant tort fait repentir ^ . Grans ahans en vaurai souffirir . For tant que je, cuites.en soie : . , , Diex y por çhoi.nelf reçomoi^ie Le Prestres ki ai est .vaillans ! Trop ai trovë mefiex&illanji Qant il ne fu reconnéus. ^ . Se chis afaires est séusj, , . . • /. Tous li mons me devra, huer; , .
53o Le déuat-on por chou tuer
Qu'il estoit montés so];.m^;bie£i|e? Chou fu et par gi}i,et{tti:^fiâste.
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J^ikBLIAtTX'ET CONTES. S7
Sans &ille qu'il i&:liioiitës» ' Hé ! Diej^, pac les vostrés boikté» Comment en aerafcfjdtt deliTre» ? '>• ^ ' N'encor n'en ^-^e pa» ijf iv«» •* ' Que jou le lamé'idlû gisailt^ ^'' • '• '" Car bien si^ k^aubliniis'frespaisallt' ^< - ^' Acuâeroient.cedttmeffidt» - ^^
54o Le Prestre a aaria ôatressiit ^'
En le siele de «e jument V < " '
Et deriere est montés ibriémeiit; '
Sa Toie«acoel]e:et sifs'arfciFe * •''
D'esrer vers une jcfaknentièrei^
Li jumens qui enkkas les porte ,
S'est adrecié enViera le perte
Del chknentierei, «teu milieu
Qt un jmostier 4icl /et entiu*
Les le chavet de^cel monsder '
55o I eut larrons qui: debmesder ' '
D'enUer sourent aentremetoient : - ' Un bachon^en xm sac wardoiént ' ■ ' ^ Que il enblé avoient lovs^ • * >
Quant il parobbivent cfaîax de for» ^ Si cuidoîent iestrè apercUén y . [• :'i Dient kç il sont dediéul • ;. 0 '
Del tost aler cagdxapà s'a^e^ '■ '^- < Car il cnidepat Js3 on leagaittef Au fuit se s<nil;>edaii9flié y>
56o Mais lor b^M)Oa>ônt «toiit'laissié i ' • Entre:B;ike le fuit maintieeaenty Dttsc'àmoustier loryoietieneiit* ^
Li yilaips et li Prestses mors Illuec a dwscaodnJd jci^s> ;
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5Ç ^rAl^blÂXJX. HT CONTÉE.
U il a le saic-JiarohëaC; .î' - i..."
Ne se tiai jadiè é> deokéiit ^ *-- ^ ^ ^
Car le s^io voit k'iHi^eô^gkt ^ ' ♦* » r . ♦ . >
Fors delsAoletbaiMfa^Mt^ ' - >^
Eterramment HéQéij^etëy '-i < (^ -
570 Et le Pr^trea^^Déeiui'boûlIéiy -A! iî/J
Et dist ke por nttléiaïniritare ' i':; i;o A
Ne quiert autre aëpittltuivç * /^i^^yr; ;;. I.
Mais or en soit Jce«8trqr enj^utl'; ""• •'> T
Le saie çdbîe et' ptik. ëi^. nlitet ^^
Mais à tout le bMônis'èn ]btot^ «
Qui i claime ke milôé part;.
Si l'en a arueç 4iii pojté^ r !*m- t.î
Li laron sont mçoikfiMrlëj ^ ' ^ *' '«' ^'
Qant il voient i|ueiii]8(nie 8£loh0^(-'> >''
58o Erramment entrent «b le* titickus^ ^'i' M
Si sont au moHBtiev ivkoiii^t / ^î
Là dont ù estôimt tinbiëli' • • ' '^ î ^ -
Et bien* flaèiés à dikre voir <!< U
Qu'il coîdènt lorbacoa ravoir
Qant il ont le saKi!i5strbvé« > J> '^ '*!.'
Liipisra àsQii'icDlrgiteiëv : -^ ' ' C^ Et dist k'ains bèrcoEiaiisivlfttsàB/ >^ <> '> ï'- Ne fu mais, et 9'es ibolt taeus^ >1 ' i « Dist li autres 4ut Iepdrtagle4 > ^^''' ^^^^ 5go Andoi s'éh tieAent en gi>aM kéMe' ' '^'^ Droit à l'ostel d'iw^tw^eWtel'i- "ï "i »'A Qui maille avbitiàlo^fdemôrv' («*î ' î ^'^- < A Fuis viâoent^ et on lor inévt*^ 't^ Signor.Aergaiit^ecéfelê uièWey - ^^ ^ '>'« Dist li ostes, cemaièitt'toiis é^? -^ Par Diu, chi.apoîifet4:bBCtMst ^
r
9
FABLIAUX ET CONTES. %
N'i a ch'ttn bacon dé gaaing }
Or aparilliësy biax compainsy
Que noas tost & mang^ akms; 600 Nous somes gens qui bien paiioiia t
Jà en nQOS n'aterës damage^ « :
Signeur, £ut-â^ et did fromage
De cho poës-ytittB estre asseitr^
Et dou yin froit et eler et pur
Vous donrai «ans longé èairgaine^
Qui crut «m crume de monftàitigM
Si liaus com lî aolausiflietéi ' '
Deus lires ainff ke Taub^ . ol^i0Tt : ; ;
Ne yendi piecha tel denvéea^ , '<^^
6iO Et si aurés des carbonées ^ 'V
De che bacon> se il Totts sieté*.
Biax ostes » mais à'3 ne tons gritt ^
Hastés-Tous^ se tant itoo» amés^
Gir fust-il <Nne entame*^
M<^t avons salée viande*
Li ostes un contiel dirMMindc^ i -
Au saie vint , si Ta d^aofaîôt ^■.'. > r)
Et dedens a toti brait mnefaiet i^^ o;
Forlebach»ii.atèaîxefibff»ii >
620 Qantilena^dentîleeors^.
Far le peit a ta Uièt ihàchiely
Hé, Diex^ dist-il^Jbaeoii daiicliiâl
Ne vi onques four de^ma vief f
Signor, se Diex voiia benéic^
U presistes^vouaM mnqàtst?
Se Dius bieù et hoâor me prent^
Pen veul savoir la vérité
Dont von» l'«jét cfai aporlë.
c4
{ *
^O FABLIAUX. ET CONTES*
Bien voi ke yoùs m'aies tru&nt,
65o Vou^ me caidiës por jouene àiifa&t; ^ : >
Qui ensi me x^idiës troflfer : ' > • : O
Mais je vous cuit tèlbaing caufer > *'
Dont vous aurës chaut as costes^t « - <.l
Hahors , dist fi uns ^ biax dox bstes ^ / . ^
Qu'esse-ke vous nous demandés^ 2 - Al
Certes se vous le commandes ^ ï • ; • l'A
Nus n'i am*A part ,se Vous non :y < \^
Me part et les nos compaigacmâ t^ ; ;^;
Vous otroi debotiaiirement , : : . .-/..iaI V^.
64o Et si vous di tout Tràiement ••' ; i • . ' I
Que vous poés tout .rio = ooùquest i - - A
Vëoir en cest saie ki là est ; ? ' . -. ii l
' f
■-'■• >'i: i
I .'
Nous n'i avons el gaaniet.
Trop me çuidiés mal ensaigniet^- ' S'
Fil à putain ^ > predome à tort , ^ • •
Qui volés que d'un home mort ■"
Dire ke ce soit uns bacohs; i
Molt a en voias nudvaÎB bichans ,
Que chi avës or aportet. r i. ' ■ j
65o Mais jà n'en serez deportet ,
Que demain, ne vous face prendre ^ Se vous errant sans plus atendre ^ Mon ostel ôe m?eii d«Kvrés ^ .: >c| . Nesuimie si enivrés, - j .. *l Que me puissiésà ceste fie i-^ Por lanterne vendre * vesié : Trop me cuidiés or fol prové#i<.. Qu'esse dont, k'avés'vous troVë, Biax ostes, dites vous à. gas? '\-
660 Far mon ci^^ je né gabe pas ^
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FABLIAUX ET GOl^TES. 4l
Pores- VOUS, choa jà percheyôir<.
Hors del saie^poar proaver le Voir ' -
A escous le Prestre biienieiit^ ■'■■
Ha ! Dius , font U laron y oomment
Nous est ensi or ayenut? ' >
De nous ont lor chiflois tenut —
li Diable ki nous ont soupris i •
U avons-nous tel home pris?
Nous ne savons dont il nous tient, Ç70 Et non porqaiit bien me souvient ,'
Un bacon el saie nous' mesismeB^ ^ Qant nous i'amblames ; etf pritfiuuelB $ Ne sai dont as hokn est venus» ^ Je seroiejà bien venus, ' ' .. ! .> Fait li ostes, se vous ondoie;, - > ' Hé I Diex, ques je vcfus cuidéroiê. Que mal dehait ait k'il vous croit ! Mai/8 se ma lange ne n:ie rècroit, * Je vous ferai ilemain deffiiire»* " • 680 Biaxostes, liienlepoiés£stir«, i'
Nous sommes bien à drciit traï ^ '^' Honis soit ki onques vous haï ! ' '
Se vous nous haës, c'est à tort ^ /
B nous est mestkëu molt fort» A
En maint liu somes habatu, >'> Dites nous viax quex hôm ûÉt^ Sire biax ostes/nous nib savms, Cargrant mervelle nous en av^oiiB, Mien ensient y ke vous ' m'aies , 690 Vous nous avës molt esnnaiës* > : Se Diex nous ait de nos cors , > Nous ne savon coi est 11 GOF«^
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42 FABLIAUX ET CONTES.
N'encore n'en some| garde prô j Tant 601969 d'aniû entrepi^ift; Mais alumé un pôi âTatiU Li oste9 ai 3'en YÎeat dotant ^ Si le voit et conçoit au vis : Far mon cief^ dist-il^ or va pis ^ C'est no Prèstres, ce n'est mis nbis^
700 A ceste pUié le connoië
Que il a desous le sorcil :. . . Livr^ secoua à grant èscil ^ Se de chf tost ne le xn'ostésL' Nous&r6ns chou que tous taures^ ' Biasr Sire , maî&:por Diu inetehi y Dont le m'ostés bien fosi dé chi ^ Mais TOUS me fiancherës \ Que sans ËiiUe le penderés . Là dtoit ù lii>acons fii pris>
jrio U TOUS serës tempre repris^ Et mis él conte dés pendUs ^ Se mes dis n'eu e^ esteodûak , -^ . Nous ferons, sire, to plaisir:^ Errant Tùtit le Frestre saisis, Qant à ttel o£Fre soht Ténu. Atant ont le chemin tenu^ . ..«u 1 Que deTani iax la maison fùital U li baoSn emblé ay oient. / ^ De tost .aler iresiout se pruJsreiit^
730 Mais molt lor must kè frenté Iroeyeiit L'uis ke troterent être tlti^ : - Errant ont un paillex dèsclosy * . Et si fissent un tel pertruk > Ensi k'en la matere imisy ...
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FABI.IAUX BT CONTES. 45
Le Prestre ahârge^t di^maiiiMtfv ' '
S'el traient dedenà fo makôti i -:
Ne li fisent gaire^ ^iatoti -' • *'i)ii v > - ;
Qant te jp^adti^nt là toat jfoit > ' 75o Où li bacom tert orèndroii .' -^ /
Ainz qu'i l'^'déuâseiiV'pbttÀ
Lor oste ont mqlt recotifàrtë ^
QaejàaVmttatltatendU -
Que il ont le Preslrè péiida*
Tout troî font bien ke fidre dot9«pt>
Qui plaident^ vdkiit et boÎTtail^
Toute la G^dfite à p<^t lor tîttt«
Droit en !*• tîle ù cho arUt > :
Avoit un yes^ke cielè nuîté 74o Ne cuidiés paai k!^ nloU bradait - * ' ? >
As moines k:^6diâi^>eient^>t'i. :
Car le Veska aniihat i^ UTTCftiJl!^ I
Qui venus. 4tt À tfaolt graial wMe (
£tsa mesktîe ki ërt'gkuie^ < fM 1
Molt anuiensse et imeit m^aalaaài >
Et on voit aveniif tons iAxm '> * ir:
C'on fait d'antrui iar^cocrbin» :
Et plentë b^ittiift tlmtte "«(élai t ' cJ <^
Boire yinélbHke li tenl0libr«' 760 Ayoit &it âiëé^ eus se» ishelie»»^ ^
Bien en ont 'I<^^ëlitéë^filtte^
Et quant le»'^hMq^ liltfiélil «MUe»^
Li Ëvesques en*Viail AVl^'f - '^
Haimais n'a àoiiig d^àitûi^ ddft^
n ayoit tiil deil «lÉtaitoëléM ^^
Qui le àffuÀ'ua salé'U^ci^
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A4t .FABX.IAIXX.ET GONTJES.
Amoit Aiîex molt c'tin lacirefiût«
Et savés-vouski cheUfaît?:
Jâ sorboires k'ila apris* ; ^ . 760 Es celiers as moines a prb :
De lor fçrt .y^plain deusbareus:
Il wellent boire tout par eu».» > : .
Mais or n'i eut autre gént part. •
A tout le y in d'iluec 9e padrt ..
Li cambrelens, lui chianc.Q.3QÎi^ .
Unes gens ki 4Dnl adiés. Wfiti '( • >
N'9nq«ieis ne sont de .via soupris , '-.y
Car i\ ont. bien: le bcnreaprisr ' ; •. > .
Trestout enaamble droit; en alerent. 770 Chiés un os;tel lor cheval ^eat ^
Qui molt lasse sont et eslj^ait^ 1 }i ^ . .
C'estoit ea Fostel entresèiti c? r- ■■!:•; o*-
U li Prestrea aimibrachon.:
Ert pendus, en liu de bacij^niw
Duec 4;out droit >sQnt adréciet y . . • '
Mais leur ostetruere ohûjiokl;»..
Cui il n^acmie ne ïm gâëte r* ^ > i
Qànt il 4e sontlit se relièye.y. . 1. > : ;
Car il lor faitmoU lie ohiere.; . '
780 Ne lor monstoe en nate.i^^PJiereH , .. Vilain samUatit , ne cont|?fi#t^. ; » r ; : Li uns^de9:oiiiQ & l'oftte dist^^ : w .► oB-
Ostes, troi à(4\^ Wd^^H^fafiPiiU) lu ;: i:. Vesichi,n<MtreicaQ(ib£^^«9tic^>! n ; ' Qui chî se rejfLt^^oUçm.Aj . jur. .. !
Certes moltaises «Qlas:çfeîer*i ; ..i.nuli Que il soit i^ljb tràs I^i^Ur vei^/. , .^ n Se vous esti^^ua^axi^^ HiPiHW: v: .i. ,
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Si feroie-joti à oasçun - . , 4..
790 Debîen servir «aiEiblaiit'Gomtiiiuiy,;.,,,. ; Selonc cho ke *Ëiire poroie, : : Chains estes de. bpne^oroîe^ /
Biax ostesy chw.di^t li ë^wbrelans^ : Ne jou ne serai mielefis !
De deservîr, se lias en vient ^ Mais savés*vous ki nous cgiivienl ? . Chascuns. viande salée No|zs cuisiés tost sans demoriâe, For ces bareqs de vin gaster^ .
800 Et si vous pensés del haster, Con bons ostes de bien apris. Carbonées, fromage, oésfiris, Singnor , de chOu vous puis i|idier« Biax ostes , c'est à soubaidier , . Nous ne querons autres viandes : . , Outrageas est ki el deman^ , ' .; Por tant qui puist avoir te] niés. ' , Poison salé et poison trè» . , . ,
N'ain-jou pas tant de la moitiet , '
8x0 Car el mont n'a milor mangiet < . Que carbonées de bacon. S'enaurés, Signor, afiuisson, ... Car por voiaus ert molt volenli^s . , 1 Entamez jà. lin tous entiés, 1 >,
<^ , lassus est à celé feiste. ; Li ostes qui plus n'i arieste, • Monte là ù li Prestre peut; .'•, .i> > /^ Molt s'esmervelle qaiit il sent : Le souplit et le cape nckire : :" ,-
820 Diez ! dist'il y c'est cape à;provok$
') "' !
46 FABLIAUX BT CONtttâ.-
Que ^ sent chi entrô laes maiof y
U chou est fearje au mains ,'
U c'est autre senëfiaBohe;'
Ains ne fuit mais en tel bakneé
De nule rieH jear de ma ^ie.
Par mon cief bacon n'estes mie,
Ques DiauUes Péust v^stu? <
Son brat estent, si a sensta
Ses pies , et tons cbaoeliiëtt les tMsve :
85o He ! Diex, dist-il , ioeste trueve M'a de mon sens si destornë* U a cis canlans sejomë , Que j'ai ichi trovë pendant 7 Tes noyieles ¥oîs apreadant) Onques en tiere de Bretaigira Ne n'ayint nule si estrange; Nan voir, ne là ne aillore onqpes* ^
C'est uns homr, que cho seroit douques? I sent ses pies, ses bras, seqi eçits^
84o Mais ne cria pas ahors, J ^
Qu'il le saroient jk un eeat» Sans plus dire d^uee desseni , Que onques sanblant n'en fift y ' Mes itant à ses ostes dist : Singnor , fait-il , entendës«-nm , Enganés sui , savës por choi ? n est Yoirs ke très samedi * Ma feme no bacon vendi , S'en sui dolens et fseamis;
85o Toutes voies me sui garnis
Des ore dusqueti Tan renuéf , De cat de mouton et de buef :
FÂBlIAUX BT COKIfis;^ if
C'est bon poi? fiiÎFe earbonées ,
Mais k'eles soient bien âaléefy
Jamais ne n^e crées de rien.
Ostes 9 chou est éurs et bien.
On leur a aportées luÀ 9 '
Apriès eurent fi*omage' et oés
Et fruit atant ke plus n'en ruèrent , 860 Et qant il vont chocier, si truerent
Leur lis si bien estoieht fait^ '
Lors si se choucent à tout fàJt*
Tantost comme dormis les Toit,
Li ostes ki grant paor af oit ^
Monta wamis d'une candoile
For esgarder le grant meryelle
Dont il formant sa deseonforte;
Por chou le candoile ayuee porte ,
Connoist le Prestre sens demeure. 870 Honie soit , dist*tl , 11 euré^
Dans Prestres, ke vous fiistes^nâ!
N'iestes mie Wen assenéë^, ^ '
Car j'ai à tous molt grant descorde. '
Errant a caupëe la corde
Dont il ert ens el eol loiiés y
A la tiere dure est glaciës ,
Car nus nel' sonstlent ne requeut.
Il l'enkierkè et si akieut
Sa voie au plus tost ke îl pnet 880 Vers l'atre ù ^n les gens enfoet y -
Ichis atres, n'en dout& mie 5
Seoit droit devant l'abëie
U li Evesques iert couchiëSk
Li vilains si est adrechi^
48 I^ABtlAUX ET CQKÏ98.
Entr'ex ki yient granf alëorç^. -• S'a choisie p^ aventure , . . La porte , bt il dedens sejoiet^i De grant boidieVentremet; La cambre au Priex voit ouyçrte^ 890 Bien li deyoit torner à perte
Que nu^ adoul; ne le wardoit , . , Le leiilpe quidedeufi ardoit*. , Le vilain droit à Tuis amaine^ : Entrés i est et istde paine y Car droit à ]|e huce au Friex Met le Prestre luxuriex , .. Et moll wele qant il fîi vis.. ; . Le huge reclot, mais enVîs Sejournast illnec longement; 900 Retomësenest liement.
Car ses dues est molt esclaiiiës.' Qant li Friex est repairîés , ^a huge puTri por dras ataindre^ Mais U vis li conunencha à taindre Qant le Prestre illuec a trové: Lors a son hardement provë ^ Dont il n'a en lui nés itant Que remanoir puist en estant,^ Ainz chiet à tiere pasmés. 910 Lors s'est durement blasmës, Qant li cuers li est revenus.; . Or sui-je plus couars que nus^ Dist-il, puis ke pasmer m'estuet For un home ki ne se muet ; Or m'estoit trop li cuers falis,.. Lors est à sa huge salis ^^
L>v..-
Si
FABI^I:1UX ET COKTÏ0. 4g
Si a recoima au visage
Celui kifo de fol husage ,
Et dist , sire desloîaus Prestres ^ 930 Miex TOUS amasse à Vincestre^
U el fons de la rouge mer :
Car chi ne vous puis-*jou amer >
Car Diable vous a chi aporté*
Dehait ait ki garde le porte
Qant vous entrastes cha dedem !
Ne poës-vous ouvrir les dens ?
Qant vous de chi m'escaperës,
Maie confesse emporterés ;
Rendre vous convenra raison 950 Recluniervenés no maison,
Ce verrés-vous au congiet prendre,
Se vous raison ne savés rendre ,
Ce poré;s par tans provei'.
Comment ne savésr^ous trover
Autre reponal ke ma huge?
En home ki ensi si muche
Ne poroit-on nul bien entendre:
Je n'i saroie raison rendre
De chou k'estes. chi or venus , c)io A pitex serës retenus >
Se parole n'en oi auchone i
Très q^ant £dés-vous à la Lune?
Ne cuidiés pas ke tex fuasiës
Que de respondre hontex estiés ,
Et je Fai molt bien entendu
Qu'ancor n'avés mot respondu y
Mais je croi ne savés que dire« . '
A ce mot par le braic/lç tire / ;.
IV. n
5o FABLIAUX BT COUTBS.
Et dist dehait plus tous cmisenc*
gSo Le main froide et roide li lene , ^ Et qant il n'i sent point d'alaine^ Far Diu y dist«il , or me opcnst paine { Je voi à la color del vis Que cis Diables nW pas vi» : On dira ke je Fai tu^. Diex y c'or Féasse rema4 ■ Et porté en un autre Hu ! Ne remenra por nul anui , Ne por nul coust, si pooit estre^
960 Qui ne fust hors tost de cest estre. Mais ore me convient desplaidier Qui n'i est pas por souhaidier. Et si sai bien , se jou li lais , Que hontes et anuis et lais M'en venra , mais cho iert à tort^ Car on dira ke Fairai mort. Si ne sai qu'endl Fa bailli, Or TM-jou trop mon ^ns fiûUi> Se jou desconbrer ne m'en sai t
970 Or me wel mètre à Fasai, Se jou ai nule gille aprise. A deus mains a aerse et prise Une grant machine de &tt • Qui troya pendant à un dau : Plains de grant ire et d'anuianche S'en est venus sana ariestance * En la cambre ù li Vesques dort ; Qui encore ronchoit oaélt fort , Com cil ki à plenté le large
980 Fist au soir d'un fort TÎn nisag^*
FABLIAUX fiT C0NTfi9. 5i
Li Priex tant soeflâre 6t atant^ Qui bien pffrchoii et bieii enîenî Que li Vesqoes esl esnllië»^ De parler est bien cansUIièrSi Cil qui fiât toute créature^ Vous otroit grant boiie avènturtr Par sa douçor et par sa gradse ! Il a cbaiens de quiens grant maàM^ Qui molt sont et bides: et lait, ^
990 Sire Vesques, et on les lait Aler aval le court |mr miit; Sire, mais ki ne vous anuit ,
Ceste grant machue veds doins^
Et le maniaient tous pardcÂn^^ '
Se vous en poës nul ooire.
For che Iç vous ai dit^ biau sire-,
Car dies se cfaoucent sor les lis,
Ne chp n'est ne sola» ne m
D'avoir im fais compaingnons, 1000 Onqnes ne vi pins 'mais vaingnon»
Con il sont, por voir le yùus df.
Et li Vesques li respondi :
D'itex compaignons )^aî foa caxe,
Car il ne sont pa^sen^ ordure.
Sire Vesques, rims'dftes v<»fr.
Et por chou vous raison *Vofif
Ceste machue qui linolt pbise ,
Con le puet bien ferir atoîbe :
Empais huimais rons refiossib. 1010 Cil qui pas ne seras Isc^sé^ , '
S'il puet esploitier son àfisiîre ,
Qant poimt elrt et il le puiat feite ,
5o FABLIAUX BT COUTBS.
Et dist dehait plus Touscmiseiic*
gSo Le main froide et roide B lene , « Et qant il n'i sent point d'alaine^ Far Diu , dist«il , or me croist paine { Je Toi à la color del vis Que cis Diables n W pa» vis : On dira ke je Tai tu^. Diex j c'or Féasse rema4 * Et porté en un autre Uii ! Ne remenra por nul anui , Ne por nul coust^ si pooit estre^
960 Qui ne fust hors tost de cest estre. Mais ore me convient desplaidier Qui n'i est pas por souhaidier, Et si sai bien , se jou li lais , Que hontes et anuîs et lais M'en venra , mais cho iert à tort^ Car on dira ke Tairai mort. Si ne sai qu'ensi Fa bailli , Or VM-jou trop mon sens fiûUi> Se jou desconbrer ne m'en sai »
970 Or me wel mètre à l'asai^ Se jou ai nule gille.aprîse. A deus mains a aerse et prise Une grant machine de &tt • Qui troya pendant à un dau : Plains de grant ire et dPanaianche S'en est venus sana ariestance - En la cambre ù li Vesques dort ^ Qui encore r<mc)ioit naolt fort , Com cil ki à pknté le large
980 Fist au soir d'un fort TÎn nisag^*
FABLIAUX ET CONTKS. 55
Puis que preudoni por vous s'esTellei . Ënsi dist, mais molt s'esmeryelle Dont il ne les ose resquinier y Usler ne braire ne wingnier. Eusî se lieye., et si a prise io5o lie machne \\ estoit mise Priés de lui tout à essient* Sachiés ke ne se faint noient. Mais grans cos iffièrt et entoise De le maéhue ki molt poise ; * De ferir s'est molt trayiUiés , Mais il s'est molt esmervetliés ' Qant nule riens n'ot ni entent, niuecs'adireche totenrant,. ,: > (^ >•
Si sent et taste le mo^ Prestre : >
1060 Hé ! Diex , fait-il y ke che puet estie ?. ; Se de voir dire ne me fains,, N'esse dont pasliçsene kiens^ /
Ains est hom u feme sans doute ; . ; ^ Mais dolans sui ke n'i voii goûte» \ , Dehait ait ki estaint la ci^ndele ! . . < . En haut crie y ses gens esyelle , . Et alumer tantost cii^mande. ' * y Li Priex ki estoit engrande^ • ?
Qu'il soit cuites tl^r4ye|if;ure 9 . ;
JO70 S'enyinl aulit grai^t aléure. Et o lui la lumici» iiporte : A son pooir le réconforte Com çius ki plus est wis ke vens» La abbés et tous E corens .
Ëntor le Vcsques s'asamblerent, Ijors Guers d^ grant anui torbkrent .
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•54 FABLIAirX ET CONTBS.
Por le mervelle que it Tëoient« Onques mais chou véiin'dvoieol^*- Che dient li un8^ ce leur sambto ; 1080 Li autres dient k'il re^mble Le Prestre de cors et de vis. Cho dist li uns ^ n'est pas Tiis / Qu'il a les iex eittains el cief. Par foi chi a molt grant mesciof , Fait li Pries , se bis dist mr ^ Je le wel apann^in saveur. * •
f)......: *...
Priex et c'or i prendës garde $ Mort le sent etpaï^ che le preuve
1090 Que pous ni aîàinie ni tréuve t Et nanporqànt mort le savôit \ Car pieohft esprbvé Favoil. ' ■
Molt sont li mdiile tnat et pris , '' Molt en fu li Vesqnés repris , Si l'ossas^nt tiititiët)rët''èt dik^é Il est loif pèisires et lo)r si^^ Se ne li basent ëôr lui Miètre ( - n ne s'en oâen( éntréâieh^ 9 Car bien sevènt-k{'l6i^ pUèt nuire ,
1 100 Et lor abëîe â^tùWéi '■ Por cho ont k'toWbëiéé. . Landemain à là: tnàtinde S'est liVesqnâ'ètttrefiif^' ' De la messe , et ieïi tëM mis Le Preèti*6 cui Die± dotnst pardbtt j*^' ^ Se onques Diuâ donâ^ haut doti^ * - ^^
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(*) Il manqiiè un rtn cbuu'le irftmaicrit.
FABLIAUX ET CONTBS. 55
A ame de Prestre m encombre ;
Mais se Dios a adroit nombre ,
Nous Guidons k'il n'en peosie (loint 1110 D'âme qn'est prisse en tel pbint*
Li yilains cui bacons estoit^
A celé cni li Pre^tres amoit^
Est destornës d'un grant meshaiils^
Qant le Prestres ocist es baiiis y
Por chou ke envers loi meftprist»
Sa feme bon consel enlprôt^
Car tel chance lui avint
Del Prestre puis ne l'en soyini
A Ferrement qn'ele mena% 1120 Et li vilains molt se pe&a
De celer se mésaventure ,
Qui molt estoit diverse ^t dum
A cbiax sor cui ele chàu
Chascuns s'en tint bien i traS^
Chascuns avint tele chaànché
Que il en vit sa delivranche y
Si com l'avés or entendu.
Estranglé et vif et pendu
Le trova^on , tiegmois cel çontOé ii5o n fu repus par sa grant honte
El tas, et apriès en l'avaine ;
Apriés en chaï en grant paine
Cil id le trova à ^n huis*
Si en eut grans anuis puis.
Cil ki le voloit enfouir ,
Qui les larons en fist fhïr
Qant li jumens le cor porta j
Et forment s'en descoo&rta
d4
56 FABLIAUX ET CONTES*
Cil ki le trova à son baiit
li4o Pendu à un marien molt haut, « Qu'il cuidoit carbonëes faire. - Et puis en ot molt grant contraire Li Priex , qant il eut à oste. Mais quel honte a , si ne s'en oste; Jou di ki n'a mie mqlt setis. * Vous avës oï les assens Comment il fu mk hors del keste^ Comment jut sus le lit à Veque , Et li moines tant le doutèrent,
iiSo Conques un seul mot ne sonerent. Enfouis fu sans contredit. Car TOUS arai contet et Jdit » Uns Roumant qui n'est mie briës, A entendre est pesans et griës. Et molt longe est la matere. <
De plus n'en serai recordere , Car en tant est«<il auques Ions. Sa vës commenta est sea droia nons s • Li Romans de hb-Langenuit,
1160 For le fiiecle fMi et yfït ■.
Qui mal se preuve et est provësy
1162 Chaitis est en cest siècle troyés. ..
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1 1
Explicit cfou^Pj^estr^e c'Qnpoffe^i )
■ • I » - ».
• • r
.. : >
FABLIAUX ET CONTES. Sjf
LE LAI DE GRAELENTf).
PAR MARIE DE FRANGE.
Manuscrit , n^ 7989.
a.
JU'AVENTURE de Graalent Vos dirai si que je Tenteiit : Bon en sont ïî Lai à oïr Et les notes à retenir.
Graalent fu de Bretons nës.
•4 • • ■ ■ • Gentix et biéû enparentës^
Gent ot le coraf et franc le cuer ,
Por çou ot non Graalent maen
Li Rois qui Bcetaigne tenoît
10 Vers ses voisins grant gerre avoit ; Cevaliers manda et retint , ' .
Bien sai que Graelens i vint. Ld Rois le reçut vblentierss Por çou qu'il ert biax Chevaliers , Moût le ceri et hohera , Et Gj:aalent moiilt se pena De tomoîer et de jolter,' Et de ses anemis grever. La roïne Voi loet^,-
20 Et les biens de lui raconter : Dedens sen cur l'en aama , Son canbrelans en apèla.
(*) Le Grand le nomme- Gmélan. .
5o FABLIAUX ET COVTB8.
Et dist dehait plus tous consenc.
gSo Le main froide et roide ti lene, ^ Et qant il n'i sent point d'alaine^ Par Diu, distwl , or me çroist painej Je voi à la color dei vis Que cis Diables n'est pa& tris : On dira ke je Tai tuë. Diex , c'or Féasse remue ' Et porté en un autre Uu ! Ne remenra por nul anui, Ne por nul coust, si pomt estxe^
960 Qui ne fust hors tost de cest estre. Mais ore me convient desplaidier Qui n'i est pas por souhaidier. Et si sai bien , se jou li lais , Que hontes et anuis et lais M'envenra.maUchoiertàtort, Car on dira ke Tairai mort. Si ne sai qn'ensi fa bailli, Or ym-jou trop mon sens fiûlUy Se jou desconbrer ne m'en sai »
970 Or me welmetre&l'asai, Se jou ai noie gille aprîse. A deus mains a aerse et prise Une grant machine de fau • Qui trova pendant à un dau ; Plains de grant ire et d'anmanche S'en est venns sana avieslance * En la cambre ù li Vesques dort ; Qui encore ronohoit molt fort , Corn cil ki à plenté le large
980 Fist an soir d'un fort Tia nisage.
FABLIAUX ST CONTSa.
Li Priex tant «o^be et atant^ Qui bien parchoit et bieii^ entent Que li Vesqoea est esfillié»^ De parler est bien confliiUieiii. Cil qui fist toute crëatnre, Vous otroit grant botte irvénture" Par sa douçor et par sa gtaàse ! Il a chaiens de quiens grant mmiêt Qui molt sont et bidex et lait, 990 Sire Vesques, et on les lait Aler aval le court |mr mal; Sire, mais ki ne votisanuit, Ceste grant machule toqs doins, ^ Et le maut aient tous pardoîM^ ' Se vous en poés nul ooire. For che Iç vous ai dit^ bian sire-, Car dies se cfaoucent 9or les lis, Ne chp n'est ne solas ne m D'avoir issi fais compaingnons, 1000 Onqnes ne vi plus mais vaingnont Con il sont, por voir le viems éi. Et li Vesques li respondî : D'itex compaignons jW jou core, Car il ne sont pas 9enA ordure. Sire Vesques, rotts dîtes voir. Et por chou vous raiv^on aroif Ceste macbue qui molt pbise , Con le puet bien ferir atoise : Empais huimais tous repossés. 1010 Cil qui pas ne seras lasiséf ,
S'il puet esploitier son àfiiire , Qant poinÉ» ert et il le pui^ feîte,
5ï
0:2
5a FABLIAUX BT CÔNTS«#
A le Prestre mort enc^prldet. ^ lioer ne doit de oel markiet y * Se il parfait chou ke il pensse* '"* Airu) n'i garde obediensse,
Qant fist chou ke &ire convint : Droit au lit le Vesques s'en vint Qui molt estoit fort.endornûs;
1020 De trayiers sor le lit a mis
Le Prestre ki deus tans li poise ^ Con s'il fust de yiye despoise. En un angle ra son liu prendre Li Priex , car il veut api^ndre Com li Vesqueg que .en fera , Tantost com iLs'esvilera. Un poi apriès est espuris , Hé ! Diex, dist-U^ sains Esperis ! Com je sui pesamment covers !
io5o Celui ki là gist de traviers,
Sen son piet et si fiert et boute; Far fbi^ dist7il, chou n'est pas docite Que li Priex ne m'aist dist voir : Or ine pora mesjder avoir Ceste machue ke j'ai cha. Aies, &it-il, fuies yescljia. Que vis Diable vous emport ! Vous ne troverez nul déport. Se vous de chi ne vous fuies,
io4o Car trop durement m'anuiés*. Certes, &it-il^ félon mastin. Se je voi le jor le matin , Vous ne me ferés jamais cuivre : Dehait qui tant vous laine virre ,
FABLIAUX ET CONTK6. 55
Pals que preadons por vous s'esyellei .
Ensi dist, mais molt s'esmeryelle
Dont il ne les ose resquinier ,
Usier ne braire ne wingnier.
Ensi se lieye., et si a prise io5o Le machae ki estoit mise
Priés de lui tout à essient.
Sachiés ke ne se &int noient.
Mais grans cos iffiert et entoise
De le machue ki molt poise |
De ferir s'est molt trayiUiés ,
Mais il s'est molt esmervelliés
Qant nule riens n'ot ni entent.
niuec s'adreche tôt errant ^ . . . , :
Si sent et taste le mo^ Prestre : 1060 Hë ! Diex , fait-il , ke che puet estre ? .
Se de voir dire ne me &ins,
N'esse dont pas li^se ne kiens^
Ains est hom u &me sans doute;
Mais dolans sui ke n'i Toi gpute*
Dehait ait ki estaint la candele !
En haut crie, ses gens esyelle, .
Et alumer tantost commande.
Li Priex ki estoit engrande
Qu'il soit cuites de l'aTepture , 1070 S'en vint au lit groat aléare ,
Et o lui la lumière japorte :
A son pooir le reconforte
Com cius ki plus est wis ke vena*
Ld abbés et tous U. coyens
Entor le Vcsques s'asamblerent ,
Lors cuers de grant anui torblerent
n5
SA FABLIAirx: ET CONTfiS.
Por le mervelle que il rëoient* Onques mais chou véii n'dv oieol ;« • Che dient li un8^ ce ieur sambto ; 1080 Li autres dient k'il re^mble Le Prestre de cors et de ris. Cho dist li uns ^ n'est pas Tis / Qu'il a les iex eittains el cief. Par foi chi a molt grant mescîef , Fait li Pries , se bis dist T^ir ^ Je le wel apann9in saveur.
Priex et c'or i prendës gatde $ Mort le sent et pai^ che lé preuve
1090 Que pous ni aléihe ni tréuye t Et nanporqant mort le savoit , Car pieohft <â^rbvé Pavoit* Molt sont li moine mat et pris , - ■' Molt en fu li Vesqnés repris , Si Tossas^nt tttdttàtrët" et dik^« Il est loif pèisires et lo)r Bîye^ Se ne li basent dor lui Miètre ( - n ne s'en osenf éntréâieh^ 9 Car bien sevètrt kî Idit pUèt nuire , ■■
1100 Et lor abëîe dê^Wikfev
Por cho ont lÀ'éose bëiée* . Landemain à1à:màtfnde S'est liVesqùëé'ètttreftiî^ '' - "
De la messe, et en të^mis Le Prestte cui Die± doinst pardbtt j'^' Se onques Diuâ domr si haut doii^ '
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(*) Il manque un rtn cbuu'
FABLIAUX ET CONTBS. 55
A ame de Prestre m encombre ;
Mais se Dios a adroit nombre ,
Nous Guidons k'il n'en peosie {loint 1110 D'âme qu'est prisse en tel point*
Li yilains cui bacons estoit^
A celé cui li Pre^tres amoit ^
Est destornës d'un grant meshaiûs^
Qant le Prestres ocist es baiiis y
Por chou ke envers loi meftprist»
Sa feme bon consel eniprist^
Car tel chance lui avint
Del Prestre puis ne l'en soyini
A Ferrement qn'ele mena% 1120 Et li yilains molt se pena
De celer se mésaventure ,
Qui molt estoit diyerse et dum
A cbiax sor cui ele chàï^
Chascuns s'en tint bien i traï,
Chascuns ayint tele chaànché
Que il en yit sa deliyranche.
Si com l'ayés or entendu»
Estranglé et yif et pendu -X Le troya-on , tiegmois cel çontOé
ii5o n fu repus par sa grant honte
El tas, et apriès en l'ayaine ;
Apriés en chaï en grant paine
Cil ki le troya à ^n huis*
Si en eut grans anuis puis.
Cil ki le y oloit enfouir.
Qui les larons en fist fuir
Qant li jumens le cor porta j
Et forment s'en descoo&rta
d4
56 FABLIAUX ET CONTES.
Cil ki le trova à son haut
li4o Pendu à un marien molt haut, ' Qu'il cuidoit carbonées faire. - Et puis en ot molt grant contraire Li Priex , qant il eut à este. Mais quel honte a , si ne s'en oste ; Jou di ki n'a mie molt setis. Vous avës oï les assens ■> Comment il fu mis hors del keste^ Comment jut sus le lit à Veque , Et li moines ta nt le doutèrent ^
iiSo Conques un seul mot ne sonerent* Enfouis fu sans contredit^ Car vous arai contet et Jdit Uns Roumant qui n'est mie briës, A entendre est pesans et 'griës, Et molt longe est la matere. i
De plus n'en serai recorder^ , Car en tant est«<il auques Ions. Sa vës comment; est ses drois nons s i Li Romans de la; Zjamge nuit ,
1160 For le fiiecle fMi et vfit ■.
Qui mal se preuve et est provësy
1162 Chaitis est en cest siècle troyés. . .
• t
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Explicit 4ou^Pr;eêtre ç'onpoffe^i )
I * * • - *
FABLIAUX ET CONTES. Sf
LE LAI DE GRAELENTf),
PAR MARIE DE FRANGE.
Manuscrit , n^' 7989.
a.
JU'AVENTURE de Graalent Vos dirai si que je Tenteiit : Bon en sont 11 Lai à oïr Et les notes à retenir. Graalent fu de Bretons nës. Gentix et biéû enparentës; Gent ot le cors et franc le cuer , Por çou ot non Graalent muer* Li Rois qui Bcetaigne tenoit
10 Vers ses voisins grant gerre avoit $ Cevaliers manda et retint , ' .
Bien sai que Graelens i vint. Li Rois le reçut rolentierss Por çou qu'il ert biax Cheraliers , Moût le ceri et honera , Et Gj:aalent moùli se pena De tomoier et de jolter,' Et de ses anemis grever. ' La roïne Foï loei^,
uo Et les biens de lui raconter : Dedens sen cur l'en aama , Son canbrelans en apèla.
(*) Le Grand le nomme- Gmélan. .
58 FABUAUX ET CONTES»
Diva y dist-ele , ne me celer. N'as-tu soyent 6î parler Del bel cevalier Graelent? Moût est amis à tote gent. Dame, dist*il , moult par est prox Et moult se fait amer à tox. Là Dame lues li respondi y
So De lui veul faire mon ami : Je sui por lui en grant effiroî. Va, si U di qu'il vigne à moi, M'amor li métrai à bandon. Moût li donrës , dist cU , grant im , Merveille est se il n'en a joie : N'a si boin abé dbsque à Troie, S^ esgardoit vostre visage Ne cangast moult tost son corage. Cil s'en torna , la Dame lait ,
4o A l'ostel Graelent s'en vait : Avenamment l'a salue , Son mesage li a conté K'à la Roïne voist parler. Et n'ait cure de demorer* Ce li respont li Cevalien, Aies avant, bians amis ciei's» Li cambrelens s'en est aies. Et Graelens s'est atomes ; Sor un ce val ferrant monta,
5o Un Cevalier o loi mena.
Al castel sont andoi v^nu , Et en la sale descendu „ . Et devant le Roi trespasserent. Es canbres le Roïne entrèrent»
V.
FABLIAUX ET CONTES.
Qaant el es voit , sis apela , Moût les ceri et hon^a , ' . Entor ses bras prist Gracient Si racola estroitemènt : '
De joste li séir le fiât
€o Sor un tapi , puis si 1! dist : Moût boinement a esgard^ Son cors 9 son vis et sa biatë ; A lui parla cortoisement. Et il li respont sinplement » Ne li dist riens qui bien lie siece* La Roïne pensa grant pieee , Merveille est s'ele ne li prie Que il l'amast par drnerie? L'amors de lui la fait hardie ,
70 Demande Im s'il a amie *, Ne se d'amttti^'ei^ atestis*, Car il de voit bien estré amës. Dame , dist-il , je n'aime pas , ' D'amors tenir n'est mie gas ; Cil doit estre de môut grant pris Qui s'entremet qu'il soit amis t Tel cinc cent parolent d'aMof; N'en sevent pas le pfîor tor , ' Ne que est loiâx droetie.
80 Ains lor rugè et Ï6t folié j Perece ; wisseuse et faintiite Enpire ambr eu mainte' guisé. Amors demande caàsté. En &is, en dis et eh petisë : Se l'uAs àès àtolàns est loiax ; Et U autre est jalox tft faas ^
%
( •
. <*
6o FABLIAUX ,£T CON.TBi^*
Si est amors entr'ex. fausée , Ne puet avoir longe durëe. * Amors n'a soîàg d<e compagnon ^ 90 Boin amors n'est se de Dex non,. De cors en cors , de cuer en cuei^^ Autrement n'est prex à nul fuer» Tulles qui parla d'amistié , Dist assës bien en son ditië , Que veut amis, ce veu le amie Dont est boine la compaignje> S'ele le vent et il l'otroit. Dont est la druerie adroit » Puisque li uns l'autre desdit,
100 N'i a d'amora foi;» c'un despil ^ Assës puet-on amors troy^r ,, Mais sens estuet al bien garder j , Douçor et francise , et mes^ure. . Amors n ade grant for&U cure, Loialté tenir et prametre , Por çou ne m'en os ontcemetre*.
La Roïne oï Gracient ^ .... Qui tant parla cor toisement p. .y..- ■ S'ele n'ëust talent d'amer,
x\o Si s'en estëut-il papier ^ . .
Bien set et voit y n'en douté mk > Qu'en lui a sen3 ,et cQrtojsiç^ ,. A lui parla tQt en ap^> Son cuer li a tôt desconyert ; Amis, dist-ele, Graelenl;^ , Je TOUS aim mout parfiteme^t^ Onques n'amai lors mon^l^egnor y
Mais je vous aim de bone ai^^pc.
FABLIAUX ET COMTES. 6i
Je vos oiroî ma druérie , 120 Soies amis et jou amie.
Dame 9 dist-il^ yostre merci,
Mais il peut pas estre enai.
Car je sui saudoiers le Rc»,
Loiauté li pramis et foi ,
Et de sa vie et de s'onor.
Quant à lui remès Tautre jor^
Jà par moi honte n'i ara :
Dont prist congié, si s'en ala. La Roïne Tea rit aler , iSo Si commença à sospirer :
Dolante est moult, ne set que (aire.
Ne s'en voloit par tant retraire f
Soyentes fois le requeroit ,
Ses mesages li trametoit ,
Rices presens li envoioit ,
Et il trestbus les refusoit.
La Roïne moull l'en haï
Quant ele à lui del tôt failli ,
A son Sègnor n^il le metoit , x4o Et Tolentiers en mesdisoit.
Tant com li Rois maintint la gerre,
Remest Graelent en la terre ;
Tant despendi qu'il n'ot que prendre,
Cal: li Rois le Êdsoit atendre ,
Ki 11 detenoit ses saudëes.
Ne l'en avoit nules données ,
La Roïne li destomoit.
Au Roi disoit et conseilloit
Ke nule riens no li donast jlSo Fors le conroi qu'il n^en alast t
6l» FABtlAÛX BT CONTBS.
Povre le tenist entot lai , Qu'il ne pëust servir autmi* Que fera ores Graelens ? N'est merveille s'il est dolens^: Ne li remest que engagier. Fors un roncin n'est gairea cier : Il ne puet de la vile aler Car il n'avoit sor qoi monter. Graelens n'ateut nul aecora ,
] 60 Ce fu en mai en des Ions jors, Ses hostes fu matin levés , O sa femme est el bore aies Ciës un de ses voisina xnengier.^ Tout seul laîsça le Chevalier y O lui n'en eut en la maison Escuier, sergant, ne garçon , Fors seul le file à la borgoôse , Une mescine moidt ccvrtoiae. Quant vint à l'eure de disner,
] jro Au Cevalier ala parler ,
Moult li pria qu'il se hastast, Et qu'il ensanUe o li mtngast» U ne se puet pas rehaitiery Si apela son escuiier , Dist li c'amaint son cacéor, * Sa sele mete et tôt l'ator ; Là hors irai esbanoier, Car je n'ai cure de mangier. Il li respont , n'ai point de sele.
180 Amis, ce dist la Damoisele, Une sele vous presterai , Et un boin frain vos baillerai.
fjlBliaux et COKTfiS. $5
CSl a le ceyal amenée
En le mesoii Ta ensdé:
Graelent est desus montés y
Parmi le bore est trèspassës y
Unes vies piax ot afulées
Que trop longement ot portées.
Cil et celés qui l'esgarderent , 190 L'escarnirent moult et gaberent :
Tex est costume de borgois ,
N'en Terrés gaires de cortois.
Il ne se prent de ce regart ,
Fors de la vile avoit un gart.
Une forest grant et pleniere ,
Parmi couroit une ririere :
Celé part ala Graelens ,
Très pensix , mornes et dolens*
N'eut gaires par le bôs erré, aoo En un boisson espé ramé
Voit une bisse toute blanoe
Plus que n'est nois nule sor brance :
Devant lui la bisse sailH ,
n le hua y si poinst à li.
n ne le consivra jamès ,
Porqant si le sitft-il de près.
Tant qu'en une lande l'en maine.
Devers le sors d'une fontaine,
Dont l'iave estoit et clere et bek» !lio Dedens baignoit une pucele ,
Dex Damoiseles le servoient :
Sor l'eur de le fontaine estoient.
l drap dont ele ert despoulk , ^
Erent dedens une foiUte.
\
64 FABLIAUX ET CONTES.
Graelens a celi yëae Qai en le fontaine «stoit nne. Cele part va grant aléure , De le bisse n'eut-il puis cure , ' Tant le vit graisle et escanie ,
220 Blance et gente et colorie ; Les ex rians et bel le front, Il n'a si bêle en tôt le mont : Ne le veut en l'iave toucier. For loissir le laisse baignier. Se de^ouUe est aies saisir. Par tant le cuide retenir. Ses Damoiseles s'aperçurent Del Cevalier , en efitoi fîireût* Lor Dame l'a araisoné ,
35o Far mautjalent l'a apelé :
Graelent, lai mes dras ester, Ne t'en pues gaîres amender. Se tu o toi les enportoies ^ Et ensi nue me laissoies; Trop sanleroit grant couvoiUse. Rent moi se viax non ma cemise, Li mantiax puet bien estre tuens. Deniers en prens, car il est boens. Graelens respont en riant»
34o Ne sui pas fix à marceant ,
N'a borgois por vendre mantiax: S'il valoit ore trois castiax^ Si n'enporteroie-je mie : Isciës fors de cele iave, amie , Frênes vos dras , si vos vestes Ançois que vous, à moi parlés»
FABLIAI3X.BT CONTBS.f 65
X ■
Ge n'en voîl pas , dis^Ie , iscîr. Que de moi vous puislés saiâr j N'ai cure de vostre parole , s5o Ne sui nient de TO^trQ escole*.
Il lirespont, jtsofiferai, ,1
Vostre despouUe garderai^
Desque tos isterës ça fors :
Bêle , mout av& gent le cors.
Qant ele voit qu'il veut atendre^
Et que ses drasneli jeutroudre; ' :■
Séurté demande de lai ;i K'il ne li fece nul anuû Graelens l'a asséurëe^ s6o Sa cemise li a donée : ' Celé s'en ist de ipuaintenayt , n li tint le mantel devant , ^ Puis l'afiila et si li fent. : . . i
Far la main senestr^ la pirent, ' : .^r Des autres dex l'a ëslongîe y D'amors l'a requîae et proiie Et que de lui face son drii. Et ele li a respondu :
Ge ! tu quiers grant otr^gi^, 270 Ge ne te tieng nôieilt por sage ,
Durement me doi mei^eillier ^ .^ . *
Que m'oses de çou arai3mçr. , f , ../ \
Tu ne dois estre si hai^^* /
T'en seroies tost maJUilliftd '. < ; _.
Jà n'afiertpas à tOQipara^. ,;, j j . .
Nule femme de mon lingnaj^e.
Graelens le trove si fiepe, . , , , > ; / ; Et bien entent que parpirpii^ j .
TV.
F.
66 FABLIAUX BT CONTES.
Ne fera point de son plakit ^ 280 N'il ne s'en veut ensî partir : En Fespese de la forest A fait de li ce que li plest. Qant il en ot fet son talent , Merci li prie dolèement Que vers lui ne soit trop irée , Mais or soit et france et senëe ^ Si li otroit sa druerîe , Et il fera de li s'amie ; Loialment et bien ramera, 290 Jamais de li ne partira.
La Damoisele ot et entent La parole de Graelênt, Et voit qu'il esbcortois et sage , Bons Cevaliers et prox et larges, Et set se il départ dé fi^ Jamais n'aura si boin ami , S'amor li a bien ptrcnië) Et il l'a docement baisië. A lui parole en itel guise : 5oo Graelent , vos m'avés souprise , Ge vous amerai vraiement -, Mais une cose voua deffent , Que ne dires parole aperte , Dont nostre amors êok descoverte* Ge vos donrai mcdt ticement Deniers et dràs, or et argent, Molt ert Tam^iN» boHè «itre nous^ Nuit et jor getra afveâo vous } Dalës vous me veMs aler, 3io A moi porrés rire et parler 9
d2o
N'aurés conpaigiîbn qài'ihé vbîë;' '^'^^^ Ne qui jà saoe qm' je ^Jft ' î' Gi-aelent, vosé^éUôiàak,'^ ' '^
Prox et cortoi^€«'feàey*îàâST' "^' ^ ' Por vous ying^jôtt & îtf^aWiûrié^ '■ ''' ' ' Por voûg flouferaîiijitt^grtfttt 'jf^Aùmëi' '' Bien savoie ceste^ëttktfWv - - ' ^ ''
Mais or s^Kêl dè*|(rabFakéSi!û* .i^^ / .'J Gardés que pa^kë^bâi Vèûtëé^' ' '^' De cose par «{oi tziéf'(kJr3S4^^' ' ^^ •*••' •^* v Un an vous coyenMt;'àM& ' ''"^ ' ' **' -^ ' Sejornerprèsd«teèaft|ttri:' ^ '^ " ' » Errer poés dei tnoià'éhfièï^i^,^ : !> t. . Mais ça soit4cwtre'rè^à»iefeV^' ^'' ■ ^^ Por çou que j'aiûi'bci^té^tfoûff^e.' - '- "' ' Aies vous ent , none é^-^oilëe ' ' * '"' Mon mesage vos tràiifëh^'^ ' '-^ • -^^ '• ♦ ^ Ma volentë vos ûlàùdfel'aît ^ • ^ •' '•' ' ''
GraelenspreûVaiîéihgîé, " ' "^ " *' 53o Elle racole et a l^aisië. ' ' ' ^ ' ' i '*^f ^ Il est à son ostel y^hhï'^^' i "^ "^^^- De son ceval e« desc^affifi ' ^ ' w
En une canbre sens èhti'à, • 1 i/
A la fenestre s^ajpdW^; ' ' * - •
De s'aventura» trioùt^^ctfrfs: • -
Vers le bos a tom^'fôtil/&^/' ' ^
Un vallet vît vemr'éWM '' ' ''' '
Desor un palefiroi anM^iit V ' \
De ci à Tostel GraeîëîÎFi ^ ^ ' ' ' •' -^ '-^^'i'
5io En est venus q'aîn^fe' â^Ât ' '^ ^''■
^ Au Cevalieren esii^ëffiiiV'^ ' ^ :i.> JiBo
Et il est contre litiûiAi^P '' ^ " ■ ' ^'^
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68 PA^LX4U]«:jBT CONTBSk
Demand^^U dqii;Lt ^ Ye^oit y Com avoit non j^.qui ^\0}!U Sire, ditft-il, ne dçt^imîey Je suî mesages y9Bte||î^4.i^e,
Oest destrier p^f^fo^iyo^ enyoïe^i '
Enfiamble. o vq^ ^ vejj^ -que je aoie : : • i
Vos gages V08 açpifttiera^i, . ,/,. .
55o De vostre hc^el gaf i^e jgrendraL p, ^ >. . = /
QantGraeIent.9jt)f^j^¥f^e, - >.,/»
Qui molt li san^]e l^cpie^t bêle, ^ . /. i
Le yallet baise )>Qioeipei|Lt, / •
Et puis a reçut.Ie preaenl;.
Le destrier sos loiel n'^ si bel . ^ .
Ne mix coraut, «exJvis isneL ! '
En l'estable ppr soi le ipet ,
Et le cacéor au vallet.
Cil a sa maie destoi^^, 36o En la canbre l'en a port^ ,
Fuis l'a overte et deffinepiée y
Une grant coûte en a getëe :
D'un rice paile ovrée fii^ : ;. : î
D'autre part d'an r^ boufa, ,» 1
Met le sor le lit Qraelent ; ...
Après met sus or et aij'gent y
Boins dras à son S€^of,Testijç«; ..... , ..ri
Après &it son oste venir;
Deniers li baille â^ ^ant plentë, , Zjo Si li a dit et comap)j|é ,
Que ses sires ert aquités^
Et ses hostez bien acontës :
_■ - » ■ • ■ • ' » Il .
Gart q'assës i ait à vwa^ifXy Et s'en la yile a QieYaUer
X I
iS )
FABLIAUX ET CONTES. 69
Qui sejomer voille, tôt coi ^
Qu'il l'en amaint ensanle o soi.
ÏÂ hostes fîi prelE et cortois.
Et molt vaillan comme borgois:
Rice comx>i fist atoinier, 38o Far le vile &it demander
Les Ceyaliers mesaai^ ,
Et les prisons et les croisiës ; :■.•''•
A l'ostel Graelent les maine, -
Del honerer forment se paine;
Assës i eut joué la nuit
lyestrumens et d'autre déduit.
La nuit fîi Graelent haitiÀ /
Et ricement apareilliës. -
Grans dons dona as harpeors^ 590 As prisons et as guoors;
N'avoit borgois en la cité
Qui li éust avoir preste ^
Qui ne li doinst et &ce h<mor.
Tant tt'il le tienent a segncMr. - ' '
D^3k est Graelent aaise ^
Ne Toit mais rien qui li déplaise;
S'amie voit lés lui aler,
A li se pnet rire et juer.
La nuit Iç sent de joste lui , 4oo Coment puet-il avoir anui?"
Graelent oire molt' souvent ,
El pàïs n'a tomoièment^'
Dont il ne soit tos li premiers,
Moût est amés des Cbevaliers.
Or a Gradent boine vie ;
Et molt grant joie de s'amie }
s5
70 FjlBH>VU;C JÇT;CpNTI%S* .
Se ce H puet longçsij^^rer, / ; . 7
Jà ne devroit ^145^^^4er. , ; ;. • , , x Ensi fu bien ujï ftu e^tieIP, ; : : .: U.l 4io Tant que li Ra]û»;clpt<^toiier; ^ * :l ' i A Fentecoste cascup a^ : ^ ;j!
Semonnoit ses Barçji^ pair^l^n^ ' / ' . : < Tos cex qui de luijrien tenoient,: / ^ , j Efc à sa cort o Itii |iHi|igc(ieiit; !.. : ; Servoient le paii^.gi^Kill amOr.^ ' Quant mengië uToient l^>Or> ' '
La Roïhe faisoit moiitet > Sor un haut bmiO et d^ffiibler^ •
Fuis demandojiJÈ^'toisenflaoble^ ; : 420 Segnor Baron, qu9 vcis en aanble?
A sou siel plqa b^le K^ïnc? >
Fucele , Dame ni^ memne.}
A tox le convenoit lOer ,
Et au Roi dire e); afinamer
K'il ne sevent nule si bêle V
Mescine, Dam« nepucele: A ^
N'i ot un seul n^h fmeist y ^.
Et sa biatë ne li toast^
Fors Graelent qui s'âa taisoît^ / ■ 43o A soi mëisme souriotts . > .
En son cuer penBoii & s'anaie ^ . i
Des autres tenc^t à folie)
Ki de totes pai^f'«s^iJjQio|it , , ■ . v . . ,
Et la Roïne «i lo^fii^yt 1 . ]
Son cief covrî^sp^ ^b^û|^ .. jj Et la Roïne Vesg^xé^,, .:, . 1 -, Le Roi le mostrsLao^:^^gaçs,, Voilés, sirf 9 %ijie9 dflslM^MQioi; 1
' FABLIAUX ET CONTK«. J%
N'avës Baron ne m'ait loëe^ i4o Fors Graelent qui m'a gabée<
Bien sai qu'il m'a pîeça haïe ,
Je cuit qu'il a de moi envitté
ÏÀ Rois apela Gradent^.
Demande li , oiaut la gent, >
Par la foi que il li devoit ,
Qui ses naturex hom estoit ,
Ne li celast , ains li 4^1
Por qoi baisa son cief et ri$L Graelens reqpondi au Roi: 45o Sire , dist-il , entent à moi ,
Onques mais bom de ton patage Ne fist t^l fait ne tel folage ; De ta femme fais mostrison. Qu'il n'a çaiens un seul Baron , Cui tu ne le fiices loer» Dient qu'il n'a sous sid sa p^ t Por voir tous di une noyele , . On puet assës trover plus bêle* lÀ Rois l'oï , molt l'en pesa y 46o Par saireqaent le conjura
S'il en sa voit une plus genté s Oïl , dj^-il , qui vaut tes trente^
La Roïne moût s'en map , A son Segnor cria merci, Cau Cevalier iàoè amener Celi qu'il i oï loer. Et dont i £dt si gran^ vantanoe s Entre nos dex soit la mostrance^ S'ele est si bêle, qwte ten soit^ éjo Ou se ce non ^ faites m'en dràlt
b4
àjr:-
(7^ «ABLIÀÛX KT C0KTB8.
Del mesdit et de le bkistenge.
Li Rois commande c^oh lé prenge.
N'aura de lui amor ne pais,
De prison n'istera jamais^
Se cele n'est ayant mostrëe '
Que de biautë a tant loée.
Graelens est pris et tenus , Mix le yenist estre tëus: - Au Roi a demandé i^espit, 48o Bien s'aparçoit qu'il a mesdit $ S'amie en cuide ayoir perdue ^ D'ire et de mautaknt tressue. Jà est bien drois que mal li t<»'ty Plusor l'en plaignent en la C<M:t. Le jor eut entor lui grant pt^esse ^ I^uq'à l'autre an li Rois le lesse ,' * Ke sa feste rasanblera^ Tos ses amis i mandera , Et ses Barons et ses fieyésw 490 LÀ soit Graelent amenés, Celi amaint ensanble <> soi. Que tant loa deyantle Roi : S'ele est si bêle et si yajUans , ' Bien li pora estre yarans , **
Cuites en iert, rîenn'i perdra 5 Et s'el ne yienttjugiés^sera. En la merci le Roi en iert , Assés set ceu qu'il i afiert. Graelens est de 'C!ort partis ' 5oo Tristes, coreçons^et maris,
Montés est sor uti boin destrier ^ A son hostel yakerb^ier :
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FAÎBLIAUX ET CONTES. j5
Son canbrelaàc a demandé , ^
Mais il n'en a mie trové
Que s'amie li eut tramis.
Or est Graelent entrepris ,
Mix yauroit estre mors que yis«
En une canbre s'est sex mis ,
A sa mie crie merci, 5iO For Diu qu'il puist parler à li;
Ne li vaut rien , ni parlera ,
Devant un an ne le vétra ,
Ne jà n'aura de li confort, ;
Ains ert jugiës près de le mort» Graelens maine grant dolor,
Il n'a repos ne nuit ne jor ,
Qant s'amie ne puet avoir.
Sa vie met en noncaloir *,
Q'ançois que li ans fust passés , 520 Fu Graelens si adolés
Que il n'a force ne vertu : \
Ce dient cil qui l'ont véu ,
Merveille est qu'il a tant duré.
Al jor que li Rois ot nomé ,
Ke sa feste devoit tenir,
Li Rois' a &it grant gent venir*
Li )[>lege amainent Graelent
Devant le Roi en son présent*
Il li demande ù est s'amie. 55o Sire, dist-il, n'en amain mie, .
Ge ne le puis noient avoir ,
Faites de moi vostre voloir.
Là Rois respont, Daut Graelent,
Trop parlastes vilainement ;
/
I
j4t TABLIAUX BT CaNTES».
Vers la Roïne mespréistes , Et tos mes Barons desdéistes : James d*aatre ne mesdirés , Qant de mes mains deparlirés. Li Rois parole hautement 9
51o Segnor , dbt-il , del j ugement Vos pri que ne le déportés Selonc le dit q'oï avés , Ke Graelent oiant vous dist. Et en ma Cort honte me fist : Ne m'aime p9s de boine amcNr^ Qui ma femme dist dehon<^« Ki volontiers fîert Yostre cien , Jà mar querës qu'il vos aînt bien. CSil de le Cort sont fors aie ,
55o Al jugement sont asanblé %
Une grant pièce sont tôt cm , Qui n'i ot noise ni «Sroi. Molt lor poise del Cevalier» S'il le vaulent par mal jugier^ Ains que nus d'ex mot i parlast^ Ne le parole racontast ^ Vint uns vallés qui lor a dit^^ . Qu'il atendissent un petit* En la Cort viençnt dex pucel^j
56o El roiame n'avoit plus bêles }. Al Cevalier molt aideront Se Diu plaist > s'el delivrerçint^ . Cil ont Tolentiers atendu, Ains que d'iloeuc soieiit mëçi ^ Sont les Damoiseles venues De grant biauté et bien vestues:
^
FABLIAUX ET CONTES.
Bien sont en deux bliauâ lacies y . Graisles forment et bien delgies» ' De lor palefrois descendirent ,
570 A dex vallés tenir les firent ; En la sale yindrent au Kou Sire, dist l'une, entent à moi, Ma Damoisele nos comande , Et par nos dex vos pri et mande C'un poi faites soufrir cest plaît ^ Et qu'il n'i ait jugement £siit : Ele vient ci à toi parler Por le Cevalier délivrer* Ains que celé ëùst dist son conte ^
58o Eut la Roïne moût grant honte; Ne demeura gaires après , Devant le Roi en son paies Vim*ent dex autres molt pbis gentes , De color blances et rouventes. Au Roi dient qu'il atendist Tant que lor Damoisele venist. Moût furent celés esgardëes , Et lor biauté de toz loëes: , De plus bêles en i avoit
590 Que la Roïne n'en estoit.
Et qant ]or Damoisele vint y Tote la Cort à li se tint : Meut ert bêle de grant manière , A dox sanblant, o simple ciere , Biax ex , biax vis, bêle façon , En li n'a nient de mesproison. Tôt l'esgarderent à merveille. D'une porpre toute vermeille^
jÇi FABLIAUX BT CONTBS.
A or brosdée estroitement ,
600 Estoit <mtae ricement $
Ses mantiax valoit un casteL Un palefroi ot boin et bel : Ses frains, sa sele et ses lorains, Valoit mil lires de cartains. For le yéoir iscent tôt hors , Son vis loerent et son cora, * Et son sahlant et sa faitnre. £le ne vait grant alëure : Devant le Roi vint à ceral ,
€io Nus ne li puet tomer à mal ^ A pié descent emmi la place ^ Son palefroi pas n'i atace* Au Roi parla cortoisement. Sire, &it-ele, à moi entent , Et vous trestout , Segnor Baron ^ Entendes ça à ma raison. Asës savés de Graelent Qu'il dist au Roi devant sa gent. Au tan à se grant asanblée ,
620 Qant la Roïne fu mostrëe , Ke plus bêle femme ot véue. Ceste parole est bien sëue, Vérités est, il mesparla. Fuis que li Rois s'en coreça ; Mais de ce dist^il vérité f. N'est nute de si grant biauté , Que autre si bêle ne soit : Or esgardés , s'en dites droit , . Se par moi s'en puet âquiter^
63o Li Rois li doit quite clamer*
FABLIAUX ET CONTES. 77
N'i ot un seul , petit ne grant , /
Ki ne desist bien en oiant , ' ^. .
Qu'ensanble li a tel mescine ,
Qui de biautë Tant la Rome ^
Li Rois mëismes a jugié
Devant se Ck>rt et otroié
Que Graelent est aquitës.
Bien doit estre quites clamés. - ^
Dementiers que li plais dora, €4o Graelent pas ne i^oublia ^
Son blanc ceral fist amener^
O s'amie s'en veut aler«
Quant ele ot &it jçou qu'ele quisl^^ "■'
Et ot oï que li Cors dist ^
Congié demande et prent de! Roi,
Et monte sor son palefroi :
De la sale se départi ,
Ses puceles ensanble o li.
Graelent monte et yait après 65o Par mi le vile à grant eslès ;
Toz jors li va merci criant ,
£1 ne respont ne tant ne quant»
Tant ont lor droit cemin teuu . ; .
Qu'il sont à le forest venu j
Parmi le boa lor voie tinirent.
De si qu'à la rivière vinrent ^ ..:
Ki en une lande sprtoit ,. ■ .
Et parmi le forest couroit. ; ,
Moût en ert l'iaye blance e1| bele^ • 660 Dedens se met la Damoisele : . ,
Graelent i veut après aler.
Mais el li comence à crier ;
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yH FABLIAUX ET CONXESrl
Fui 9 Graelent, n'i entre pady -
Se tu tVftnès, ti; noieras^
II ne se prent de ce regart^ .!. ; , .
Après se met^^trop H esttairta: \i .'. .,,>
L'eve li clôt deseilr le front ^i -i:
A grant paine reaort anioilt; • i . -
Maisel l'a par la renne prisai .'. : .
670 A terre Ta ariére mis, .1 ; ' -.i > ji Puis li di^t qa'îl ne peut .passer;^ Jà tant ne s'en sara pener^t ' n*; I Commande li que voist atîere« -^ : :^ Ele se met en la rivière V r .' . .// • Mais il ne ppet' mie soufi^l so m ;. •> Que de lui le voie partir: - > •< »- > • \ En Teve eiitife ' tont i oevul^ L'onde l'euportê centrerai; Départi l'a de son destrier^ < '
680 Graelent fu près<dle noiier, v ^ v Qant les puoelea s'éserièretlt^ ^i ^"/. Qui aveuc la-DamoiseleéreiiU - : Damoisele , por Dia, mefd ;* Aies pitié de TCjstre Ami ^ ^ Vëës, il noiera grant doIor«> ' A las ! mar vit Mtques le jor : > QuevosprimeR'&ldi'parlafiter^ : • > Et Yostre amoi^ H ottcMastést »! / i '> ' Dame, voiiés, l'onde t'en ^anney ^ 690 Por Diu, c'or le get^ depêfime^i '• ' Moût est'^aiîti'dex ail doit morifiy Ck>ment le poent vos eeeurs ^kMlfiJr? ^Trop par li estes ;ore dure y ^'^•' - -^ » Aidiës li, car en^Mnraésùnréi" ' '
'H .-î ■.!»■.. •
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FABLIAUX ET COKTQS, ^9
Damoisele^ Tostre amia nie ,
SoSréa qu'il ait un peu dVïe; «
Vous avës de lai grant pecié.
La Damoiflde en ot pitié
De çou qu'ele les ot si plaindre , 700 Ne se puet mais celer ne fidndre,
Hastuement est retomëe ^
A le rivière en est alée ,
Par les flans saisist son ami ^
Si l'en amaine ensanble o li«
Qant d'autre part sont arivé ,
Ses di*as moulliës li a ostë •
De son mantel l'a afublë ,
En sa terre l'en a mené.
Encor dient cil du païs f 10 Que Graelent i est tous Yvsy.
Ses destriers (*) qui d'eve escapa ,
F^r son SegnOr grant dol mena : • ■ * '
En le forest fist son retor,
Ne fu en pais ne nuit ne jor;
Des pies grata^ forment heni ,
Par le contrée fu oï.
Prendre cuident et retenir,
Onques nua d'aus nel' pot saisir :
Il ne voloit nolui atendre , 720 Nus ne le puet lacier ne prendre^
Moût lonc tans après Yôi-wl
Cascun an en celé saison,
r
(*) Sainte-Palaye a cojûé Cxesdefen^ et <î'€ft sfUM doUte d^^^ •ette copie que le Grand d'Aass^a dit qiM te «hcTiil dk Graelent , et non Graekn ^ s'appdoit aiiuî.
^ FABLIAUX ET CONTES*
Que se sire parti de li. Le noÎK et le fjfjieate, et le cri Ke li bons cevaus demenot • For son Segnor que perdu ot« L'aventure du bon destrier , L'aventure du Chevalier * Com il s'en ala ,o sa mie ,
^ao Fu par tote Bretaigne oïe : > Un Lai en firent li Breton ,
y 32 Graalent mor l'apela-on.
Explicit le Lai de Graelent.
BATAILLE
DE KARESMB ET DE CEiARNAGE.:
Blanoscrits, nos^aiS et 76i5; 7989, N. a de Notre-Dame 9
et i83o de Saint Gennain.
dsiGNOR, gène vos quiw celer,
Uns &blel vueil renovel^
Qui lonc tens a esté perdus :
Onques mais Rois, ne Quens, ne Dus
N'dïrent de millor estoire ,
For ce l'airge mis enmémoire. .
Quant il est de bone matire ,
L'en le set bien par tôt l'empire ; ^
Totes les gens et loing et près ,
10 Si com vos orrez ci après ,
Saurontbiett se ge dira} voii*.
Ge ne vorroie mie avoir '
Cent
.(i I
FABLIAUX BT CONTES. 8l
Cent mars d'argent se nel' séusse^
Par si que savoir nel' péusse. " ' Or entendez Testoire toute :
L'autrier à une Pentescoute
Fui à (Jourt à uns riche ostel ;
D'une molt grant guerre mortel ,
Oï parler de deus Barons 90 Dont j'ai bien retenu les nous. . .
Molt sont riche, si com moi samble^
De terres et d'amis ensamble ;
Chascun ot molt de vasselaige.
Li uns avoit à non Chamaige
Des deus Barons ; sachiez de voir
Riches ert de terre et d'ayoir^
Et de bons amis enforciez;
Molt est prisiez et essauciez » >
Par tôt le mont et honorez 5o De Dus et de Rois coronez ^
£t d'autre gent en mainte terre.
Li autres qui maintient la guerre ^ \
Contre Gharnaige le Baron,
A non Karesme le félon
Qui tant est fel et anieus :
Ce sevent bigi li famiUeus
Qui ont esté en son païs ,
De povres genz est molt haïs :
Car il het trop la gent menue , 4o .Et les riches molt biau salue ,
JStt honeure et fait bêle chiere ,
Et la poyre gent haute arrière*
fllolt a de riches mansions,
Abaïes^ Relegions
82 EABLIAUX BX GOKTES^^
Li rendent par an gisant tcëu , Molt a de loy av-oii; éa« La mer a tote en sa baillie Et de la terre grant partie , Les eves douces ^ li vivier 5o Sont tuit à li à justicier.
Molt sont riches li doi Baron , w ^ De lor richesce tos leison , Et vos diron com &itement La guerre vint et l'esrement Des deus Barons , com il mandèrent Tote lor gent et assemblèrent / A un jor nomé de bataille :
Or escoutez la commençaille. Li Rois de France Loéis 60 Qui tant iert fors et postëis^ Tint Cort à Paria la cite : n i ot gent à grant planté. Chamaige i fu et sa mesnie , O lui ot bêle compaignie , Et si fu Karesme ensement Qui molt se contint noblement $ O lui ot grant Chevalerie De poissons frès à blanche culUe , De saumons frès et de plaïs jo C'on ne het mie en cest païs , Et d'autres Chevaliers ^ mer Qui ne refont mie à blasmer* Molt i fîi honourez Karesme Por sa gent, non por K méesme; Quar l'en aime miex sa mesnie C'on ne &it lui^ n'en doutes; mie.
FABLIAUX ET CONTES. 85
Li BorgoingnoQ et U Fransois, Et cil par devers Orlenois ^ ? .
Aiment assez miex les poissons^ \ 80 Que il ne font les renoisoBS ^ \
Ne bone char de buef as aufl* Lors fa Karesmes lies et baus Et honora et chiens tènusi De viex, de jones, de oheilaa : Et Charnaigesfb mis arrière Por la bone plais ra|ere^ Et por les antres poissons frès Dont l'en &is6it là si gi^àna mes. Charnaige en (b ïneh eoirocief : 90 Lors fu Karesmes inenaoles De Chamage et de sa Itteimie. Karesme à la norele cïe ' Qu'einsi le meiiaçoit diamaige Entre li et son grant bamaige : n saut en piez isnelena^at^ Vers Charnaige vient visteinent , Si li a dit par grant nobleee, Que e^t^-oe dont^ vif déable, qa^esl-ce, Charnaige , me menacie^-vost aoo Fuiez de ci, nialéiux>x; '
Quar vos n'avez loi de ci estra , N'en cest meson ne en éest e^tre, Quar vos i estes poi amefl ' Mes g'i sui Damoisiaos olafisex ^^ De trestoz homef et de fâmea^ Et de Chevaliers et de Dames. Charnage dist, voai menten^ y os ne li vostres parente»
Fa
8i
110
120
100
lio
FABLIAUX ET CONTES*
Ne valez pas tant com ge faisi Issiez tost fors de cest Palais • .i Vos et li Tostres, laz chetif : Voire dient oison jostif , Tuit Tos ferons cois et tesant. Ainsi se vont as^tissaiît ' La gent Karesme et la Chamaige , Jà ne remainra sanz damai^e Geste tençon, dist l'esturjons; Menaciés bel , dist li plimjcins , Quar petit ybs doate, me sire , Livré seroiz à grant martire^ S'il velt que ge m'en entremêle» Sire plunjons, ce dit Fanete, Ge serai en vo compaignie. Dé cigne dist par estoutie Qae la rivière gardera. Que jà poissons n'en îstrera For Gharnage aidier vers Karesme: Tingneus puanz, ce dist la bresme, Tesiez-vos , cois ne poez vivre Sanz les poissons, lors dist la vivre j Dame Bresme , vos dites voir , Ne sont pas si ricbes d'avoir . Com nos somes , ne de lingnaige* Or i parra, ce dist Ghamaige, Si m'aîst Diex prochiennement: Jà trives ne acordement N'en penrai , si serai vengiez De ce qae je suis lesdengiez Moi et ma gentj s'en'sui honteos, Diit uns escofles bmeilleus^
FABLIAUX BT CONTBS. 85
Sire 9 lessiez vostre tencier ^ . Ge Firai as pocms noncier^ Si lor conterai Fachoison , Et la riote et la tençou
De Karesme et de sa mesnie
*
Qui envers tos s'est aatie.
Atant Chamaige s'en parti , ^:
Et Karesme a tel plet basti
Lui et sa gent envers Chamaige >
i5o Que puis li toma à damaige,
Einsi com vos m'orrez conter^
Se vos me Tolez escouter.
Chamaige fist sa gent mander
Far tôt le mont et commander
Que tuit viegnent hastivement ;
Et Karesme fet ensement . «t
f
Ses briéb ensëeler et fere ,
Far dedenz a nûs son afeve
Comme Chamaige Fa lédi, 160 Et comment il li respondi.
Del harenc a fet messagier> ^
Si l'en envoie sanz targier
As chiens de mer (^ et as balaines
Conter les noveles certaines ,
Et as saumons et as craspois ,
As mules et as heurespois ,
Et à la menue peschaHle
Dist que Karesme est de bataillé
Contre Chamaige aatiz. ^^' ^ '^'^ 170 Or TOS mande , grauz et petiz y
C) Alias Cheraliers.
f5
Û6 FABLIAUX fiX OOKTÊ^S.
Mi sires^ que Tosli aidiez Sor vos terres et SOT T<w fie» ^ Eiusinc com de lui leb tebeti^ Totes voz genz i ametieê^ Et vos, ma Dame la l>td]prdk^ ^ Certes mes sires Vod en pi*dië. • • ^ Cil respondenfc ^ si h ferotié y
A noz pooirs ïi aid^cHi^ La balaine di&t qù'(el k^^
1 80 Et durement li aidie^a
Li et sa gent envers Gbai'iiaige s Mar a entrepris tel outfaiget • Qui lor v4iM^I>i<wd^ Venir Et sor rive de fiâéf' sâillik* ^ Molt les esgai'ddst vëlëàtiers. En mains de quinîaé jot^ entiét^ '
En ot tant assambl^ Kâl^dttie , Que nus hom fi'i âélidl âieti^ê esme^ La menuise est el preisti^ ù^s^H
190 Où anguiles au bro^l fioht | Après a bataille refigte : Harens frès à la blaacbtt aillie Vieuent aprèè et li MUlet , Uados et mellans et rouget ^ Et tant de ces atttra poissons Vienent poignant à espetons ^ Et cil de loing e( dîl de p^ès^ . Tuit i viedènt i ^atnt edès^ Mes ne vos sai pas toi noineri *
' 200 N'i remanoii poifisons en vaét
Qui n'i venist, vueille ou ne daingne, Issu sont fors à l^ji Champaingne*
FABLIAUJC ET CÔNTBH. 8^
Et Chiimaige li postëis ^ •-
Manda la gent de son païs:
L'esmerillon fist meâ^giei*
For sa besoîgiie tost ildiider i
Ainz la quinzaine en i Tint tant
A Chamaige le combatant
De la gent de sa région , 2 10 Que ce n'iert se merVefllè non.
Primes vinirent crasses pdrées ^ ^
Et après bones charbohëes , Char de porc à la rert saiht I vint por aidier son Seignor ; Et après i vinrent li haste , Colons en rost ^ connins en paste : Larde de cerf au poivre noir , Et char de buef par estovoir. Oison novel vienent polngnant 220 Et lor gibelet amenant;
Après vienent paons rostis, Ploviers et corliex en hastis ^ Marlars et anetes sauyaiges. Butors et nioreillbns ramaiîges ; ' Si vint la voleille menue Qui de bien ferè les argue. En après vienent cox de cigne Qui molt sont préciex et digne ; De totes pars vinrent granz mes. 23o Atant ez-vos un entreméz De bones satissices peVrë^ y Qui noveles ont aportëes Des andoilles qu'eles venront , Et dç la mostarde ameifront
f4
S$ FABLIAUX ET CONTES*
Qai a mengier les aidera : ^■
Jà Karesme n'i durera.
Chamaige garde d'autre part , Et Toit venir les pois au lart Qui yienent soz frâin chevauchant , aio Et vont Karesme menaçant.
Grant compaignie ont amenée De fèves à la cretonée (*) ; V Chapons en rost vinrent après ^ Et widecos à toz lor bès : Pocin en rost ^t au broet , Chascuns en grant paine se met D'aidier Charnaige le Baron : Et après vinrent li hairon , Grues et gantes et ostardes â5o Vinrent poignant par les engardes> Tripes de porc et de mouton^ De cras aigneax i vëist-on ^ Lièvres et connins au civë , Vinrent de bon poivre avivé, ]p)t gelines et cos sauvaiges. Tant i assambla granz barnaiges Que ge nés vos sai pas nomer : Molt menacent poissons de mer Et de vivier et de rîviere. 260 Charnaige regarda arrière , Et voit les mes de lait venir Le fons d'un val par grant àïr; Li burres vint trestot devant , Et li lais surs le vait sivant i
(*) Mas A h char salée* .
_J
fabliau:^ et contes. 89
Chaudes ^rtes et chauz flaons Vienrat en granz plateaux roons : La craime vint lance levée 1. Parmi le fons d'une valée ; Li &ès fromajge d^autre part 270 Vinrent poignant par un esaart , Et après vienent li maton. Maint mes de lait i vëist-on.
Atant ez-v6s le dur fromaige Qui vient en l'àïde Chamaige \ k^ Cil ne fet pas chiere coarde. S'or ne se prent Karesme garde ^
Arrivez sera à mal port ,
*
Quar tuit cil le héent die mort
Que ge vos ai nomez ici^ 280 S'il ne leur va crier merci ,
]Qien i porra avoir bataille.
Elaresme lace sa ventaille
Qui n'est ne de fer ne d'acier ^
Ainz est de tanche de vivier %
Ses haubers fu d'un frès saumon,
De lamproie son auqueton :
Si vous dl que ses espaulieres . Furent de deus plaïs itères ;
D'un grant luz fu ses beaumes fôs^ 290 Li cercles ne fii pas mauves,
Ains esloit d'anguiles rosdes*
Totes ses armes a sesies^
Fuis li a-l'en çainte une espée
D'une grant sole longue et lée ;
Si vos di que si esperon
Furent d'arest^ d« poissoiu
(gb FABLIAUX Et CQNTBSl
L'en li a cheval àinené ^
Un grant mliIèt biëil lehëélë : La sele fu de blahbHë àiîUe
000 As armes Charhaige, entaillie, Et li cheyestriés et li fraiiià ^ Et li poiti'aùs et li Ibràins , Des armes au Conte de Bût : En sa banierè ot uns grant^bàt A entresàihgné de Vàirdils. De Karesnle bi vos lairbtiâ Qui bien a sa gent èrdèiiée Et de batailliër aprestëe* *
Or vos redirons d(c CHàinai^è ,
5x0 Qui sor un cerf vàmn sàufaige S'est atomez molt coilitëtiiéiit , Bien m'orrez jà dite ëoxhfaienè. Charnaige vest un auquetbh . De char de buef et de mdutoh, Et fu porpôînt d'àîgfet liëVp!; Ne doute cop de md^iueifël Que jà lè ptÉissë dôthàgiét^ Après vest un HàtibèiM; MbU éhiei*. Fort en entier Aé hàtiké khàillëâ
020 De crasses perdrï4|^t dé t[iiidUes Cloez de ixiénuat ^ifi^^é^; Les manicleë éôtil dé pévAéd , Sa coiffe fu fftiû fin ^4 , Or n'a garde d'é^tfë i!a^; Heaume oi él cfaîéf Im^ki ël dtèir D'une grôht té^fé êé i^nr^flér; Et ot un paon sur èàÛ Minime : Bien sembloH tàt^ d'où tOiéfuirie.
\
FABLIAUX Bt CÔNtfiS. QÏ
Espérons ot de bec d^oisel , 53 0 Mok ot en lui biau iDainoîsél :
Puis li a-l'eti cëînte lihè èsp^
D'un haste dé pôtc biefi ôuvi^ëé ,
Si Tavoit foi^bt Uûà boticîiîérs ,
Bien Fesmoliit uns quistilièrs.
Ses escus fu d'titie gratit tàrté
Dont les àis ^toietit de pa^té ; ' Sa cote à armer fii partie
De chaus flaons à bone diie
Et de pastez de couloiibèax : 5^0 Molt fu ses adoubëfiiëfL< béât. Le cerf ramu ôt étiolé ,
A Charnaige Tout amétxé ^
Ses cornes sont lûtes carchies
De Kalendres bien etiroisies
Qui chantent cleir, et d'àloetes ,
De roxingnOx et* de &tit6tes
Fu couvers trestout édtlti*éyal :
Molt ot Charnaigé bkti thérsA ,
Et enyoisié et todt corant, 35o Ferrez fu derrière et détàht.
Li fer furent molt bieii àyvé,
De menuz oiselèâs jpèVré :
Li clou sont de poîvte Iholtl ,
La sele qui èl chëtal fii ,
Estoit fête d'un blanc liiaiigiâr
Qui ne fet pas k eéïvfttt^et.
De roinssoles fil li |)ènëa± ^'
Li estrier furent d^ fritèàx ,
La coyerture dé h isèlë 36o Estoit de tortett en paidie ;
9^ , FABLIAUX ET CONTES.
Li frains estoit de frioletes y De chanestiaus et de gaietés Fa li lorains molt bien ouvrez y James nul plus bel ne verrez.
Montez fîi sor le cerf sauvaige^ Sa baniere est d'un frès fromaige y A entresaingne de matons; A sa gent dist , quar nos basions , Chascuns endroit soi bien le face.
5^0 La lance prent^ Fescu embrace ; Et Karesme fu d'autre part Qui plus estoit fiers d'un liëpart. Chamaige lest cheval aler^ S'enseigne commence à crier, Et Karesme vient contre lui. Es escuz se fièrent andui ; Karesme le fiert premerain D'une lance q'ot en sa main c Se li haubers ne fiist si fors,
S8o Ge cuit que Chamaige fust mors : Karesme a brisië sa lance , Et Charnaige vers lui s'avance , Si le feri de tel vertu Que tôt envers l'a abatu. Cil saut en piez delivrement. Vers Charnaige vint esraument, Tel cop li done de l'espée Amont sor la broiogne s^fiBrée, Qu'il li a fet une grant plaie ;
390 Et Charnaiges tel li repaie Que le hiaume li a percié* Molt sont U Chevalier corcië ,
FABLIAUX Et CONTES. ^5
Et se combatent par saVé
Âtant ez-Tos chapons venir
Qui se mellerent as mellens.
Bien en ont mors mil et cinc cens^'
Jà uns sens n'en fust eschàpez,
Quant plais vinrent atropezr
Qui les sequenrent bien isnel, .éoo Li bon flet et li-maquerel
Se combatent as chars de buef!»
Et d'autre part vinrent li œf
Qui se combatent as herens. Atant ez-vos entre les rens
Un frès saumon esperonant
Fiert un haste de maintenant ,
Si que tôt parmi l'a coupé ,
Tant i a féru et chaplé
Que molt lor a fet grant flamaige; 4io S'or nesepuet vengier Charnaige, '
Ge cuit de duel enragera.
Le cerf ramu esperonà^
Fiert le saumon de tel effors^
Que le penon li mist el cors:
Mort l'abat en un chauderon,
Or n'i faut-il se poivre non. Qui donc véist ces oingnonëes,
Pois à l'uile et fèves pilëes ,
Fèves frasëes et blans pois , 420 Pois chaus, pois teves et pob frois^
Pois conraez et ci votées.
Et de ces porions porëes ,
Molles et sèches au civé .
Vinrent de bon poivre avivé ; n*
$4 TkBlflJ^VX BT CONTINS.
Molt vont Charnaigç f^i^x^çç^pt. .Atantestes-voftçheynucbtiiit; , Une grant roiit;e ^e sfi\i^^ûç^ Qui les.pat e^^b^tu ^ft Jlçfwij, Les civotées eit ]^ {ipi#
45o En chacieren 1 4^|i^ur }Qr pois , - Quant lor sort upç ^^li^n '--^'^^V D'anguiles qui sont ^ sci^oa^ ; Qui as saussicea se m^leir^nt , Deus granz arpe^^ les r^u}eir^nU Pomes et nois , figues et 4ates ^ Se combateuVas mei^^^ tiasites, A ces tripes et à loç- gept ^ . Mes de tantlor v^t i^^letnent Que Karesme i est 4esiz^ntesst
44o Ne vos auroie hui contez y
Mais , beax Çeiguo^j, ixc e^coutez » Charnaiges et si pap^^^ S^arrestent à un J^is ^r lui • Jà li féissent grant f^n^^ . / Quant raies i yindi^eut po^iigf^^t ^ Et chien de ine^ yioren^ allf^^t^ Hadbs et oitr^ el^ )i^iiQi^ , Et congres qui efmt gros et Hw% Sardines , brçsm^ ^ doré^^
45o Barbues grasses , pl^'is. lée^i. Et bon flet au fei^oU iTQstî^ La gent Çham^ige, ^at d^p^^ti. S'ont fait Karesme remontert Atant ez-Tos asnons d^ mer Sur on mulet mglt bieii manié Fiert une tarte ea 1199 90&\i,
FABLIA0X ET CONTE5. gS'
Si que la crouste^en est faussée.
Et la fiurseyen est roléé. ', ' * •
Et respandue enz fossez : ^
46o Tantost s'enést outrepassez 9
Et dist qu'il veiner^ l'ost fpestoute.
Dist li pIonjoiiÂ, or ai grant honte \^^ //
Quant tant se sont ten^ verâ nos^ '
Adonc les a enraïs tofli :
Molt les laidi en son Tenir,
Du champ les en a fet partie, -
Quant i vinrent quatre hait^ni^ '
Et en après deu§ moreitlons
En un haste tout coste à coste ; 470 Enz se fièrent à une flôte ••
Com Chevalier de grant renon :
Molt ont fet gmnt destruction
De quinquetes et de taures,
Se ne fussent U bons mules,
Honiz fust Karesme et ses geiiy.
Atant ez-vos entre les rens
Un esturgon très bien monté '
Fiert un hairon par tel fierté ,
Que mort l'abat ^ ioel poindre , 48o Puis vait à une grue joindre, /^^JSi l'a si roidement &rue ;
Qu'à la terre P« abatue. ^
Quant li balor a oe véu ,
Sachiez grant duel et^ a eu j
L'esturjon fiert desus k brrâigne ,
L'escu n'i valut esehatpingae,
El cors le navra durement.
Outre s'en passe isnelemen(.
'A
2.M.^
1)6 VABLIAVX.ET CONTBS*
Atant ez vos la fr omagie
490 Fiert une raie lez l'oïe , ^ . A terre la fist trebuschier^ Marlart commencent à huchier . As ployiers que il viegnent tost: Cil amaiuent pocins en rost ^ Oisons noyeax et gibelet Tôt entremeslë de poulet ; , Molt metent de poissons à fin , L'uile se combat au sain ^ Le lait d'amandes au lait dolz j
5oo Le miel i vient desor les poz
Qui bien i fist ses cors tomber y Cel jor le filst-il conugie ber.
La bataille fu molt espesse , Dure et orible et felonesse :. Karesme i reçut grant damaige De sa gent et de son bamaige; Et Charnaige qui molt fu fiers ^ Preus et hardis com Chevaliers, A pris un ccht, si le sona,
5x0 Que toz li leus en resona.
Sa gent retrait por l'an^iitier; Celé nuit se fist bien guetier Jusqu'à demain qu'il ajorna. Que chascuns d'ax se r'atoma Pour combatre comme devant. Mes molt se va desconfortant La gent Karesme de combatre , Par tens porra ses poins debatre Karesme et ses cheveus tirer,
5ao Quar li plus vaillwt bacheler
j.
Qui
FABLIAUX ET CONTE$; Qf
Qui onques fîifit ne jamès soit y A mandé qa'il yi^nt orendroit A Ghamaîge por lui aidier. Nouez dont jà m'orrez plaidier^ Qui tant amaine de bacons , Ainz que li solaus soit escons , En iertbien li païs emplis. Lors ot bien trestoz ses delis ^ Chamaige , quant il set de voift 55o Que Nouez vient 5 por mil avoir Ne fust-il plus baus ne plus liez» Karesmes fu molt corouciez Quant il sot que Nouez venoit Qui tel compaignie amepoit : A sa gent dist, que là ferons? A combatre trestot perdrons , Quar lor force lor croist toz jors. Nous sommes auques au desors* «
La balaine respont première , 51o Je vorroie miex estre en bière
Que jà mes en fust faite acorde , Ne que nus de nos s'i acorde. Dist l'esturjon, car feisons pès, Dame Balaine, estons en pès :
Acordonâ«uous,sire Karesme. r
Ge l'otroi bien, ce dist la Iftresme^ Et li autrefj^isson après ^ Tuit s'acordent à fere pès. Del harenc ont fait messagier, 55o A Chamaige vient sans targier Qui n'atendoit que la mellëe : Cil li a la rai^n contée
IV. ^
9$ FABLIAUX ET CONTE5.
Ainsi com Kare^ne K mande ,
Et Chamaige âî li demanda
Quel pès KaresDOie livèqoicii:* v^Vt
Sire , fet-il^ de: pac. roa icnrt
La pais tele coia Toa vbrtes^
Vos gens à conseil aipeksi.;
Dist Gharnaige, malt Volentietiw
56o A son conseil en va loi tiers , La pès oi|t &t et deviaiée : Nouez vient à œle assamUée Et dist que )k pès n'en iert £iite En cest mont ,. se bien ne lî haitew
Nouez print la pès à descrire Ainsi com tos la m'orrea dire : : Se Karesme voloît aler ; Fors del pàïs sanz rapeler ! James en ceste région ,
570 N'entrast aitour ne environ, Einsi porroit à pèa venir , Et nos bons amis devenir. Fors six semaines tt troî jors, Ainsoit fist ailkcB ses sejnrs^ > Dist Charmdge, anre Nouens, Ne veil pas estre si cmeus Ainçois que paia soit crëancéei Veil sa goit loit abondonée En iotes sesons sanzdangîei%<
58o A cens qui en. vorrani mengier. En cest estor cmiqaîst Cbarnaigei Qu'en meagerai hit et framaigt Le vendredi communément Et le samedi ensementw
Ainsi devkit Kèiéëkàës hbtï 586 A Dm< Chàifli^èé le Bi*tdttV
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ExpUcit la Bataille dé Kareameet de Charriage.
LA PATENOSTRE A L^USEBIER.
P^ rjEH nosNfTy ht rkîh» gefist . Qui plus àiâkîM éf «I aH^gtflt Qu'il »« fem Dié» ne âàmtef YgM^^ Ai ci un poi naféiïteirté £l»ii#^ A rimoiei? «t âé e^ntulr Ice que j'aî di cM>tfteÉ A mestre Rob^i^^ dé Cèiet^Mftt, A Paris en un Ài«n «^^ClftAir/ Com feteitaètf* B'UsêWe^ ^ '
10 Va au moMtia^ p&t Dièn pcém^i Li Usertéî^s est màm leve»v Trestoz ses hoM â âéffiiriimK For savoir a^ûimum I r<èiîi^ Qui deniei^ éïWfraaUir ^9^oittkt.' Lors se elJi^iMàeV^t^^a^areittr^ Sa famie eX^^hayaêseestéS^t Levez tost sué, j^F T^rtsTè <!MMIllMlaM> Et s'il vient cêétiÉ ^i âêiti^m Deniers itélS^piMétséf^ gélgë^' '20 Gardez que^î aie d'(dÉkkg€f $'
Ainz venea éi*«iiMteritj^ falot AcdmoùâliérioB^^iitéqùSti
C2
iOO FABLIAUX ET CONTES.
Je n'i ferai pa3 grant demeure, Quar l'en p^ bien en petit d'eure. Atant s'en ist de sa meson , S'a commencië s'oroison»
Pater noster, biaus sire Diex^ Quar donez que je soie tiex > ' Que je puisse par 'mou avoir 3o Et le los et le pris avoir
De gaaignier et d'amassser Tant que je puisse sormonter Trestoz les riches useriers Qui onques pretaissent deniers*
Qui es in cœlis , molt me poise Que je n'i fui quant la borgoise Voloit emprunter les deniers ; Miex amaisse que li moustiers Et li Prestres fussent fondu , 4o Que g'i eusse tant perdu.
O'i ai perdu , jel' sai sans faille, Le vaillant de deus et maaille : El voloit emprunter cinc sous. Je puis dire que je sui fous. Quant je vois à autrui moustîer Où je ne puis rien gaaingnier.
Sarictificetur, trop me griëve Que ma meschine est si esmievre De mon argent issi gaster^ 5o Mes ele me puet si haster ,
Qu'ele n'aura de tout cest moitf Au feu 9 c'up petitet de pois. Je despent jtrop , si ÊizlTolie , Miex me y^ndroit mengiec boiUie ^
FABLIAUX ET CONTES* lOl
Que je gastaissQ mon argent ' G>mme celé autre foie gent , Qui achatent le3 yenoisons. Les chars salé^ les poissons. Nomen fuum. Je claim tout quité 60 Celui qui envers moi s'acuite^ Et cil qui ne me veuti^er^ Ainz yodroit toz jors delaier Tant que j'aie oublie la dete , C'est cil qui plus yers moi a'endete»
Adifeniatr^gnumtuum. Retomer yueil à ma meson For sayoir que ma famé Eût , Quar je sai bien tout entresait Que ele a geline ou poucin ' 70 A son mengîer chascun matin.. Toutes les eures qu'en est tens ; Mes se g'i puis yenir à tens. Je la batrai tant d'une astele. Que je ne cuit qu'ele soit tele Qn'ele face de son mangier Dès or en ayant nul dangier*
Fiat poluntas tua» \À Cheyaliers qui me paia > Qui me deyoit cinquante livres, 80 N'est encore mie délivres,
Qu'il m'en doit près de la moitié , Et si ne l'ai pas oublié. Que puis-je perdre ? j'ai sa foi , Quar je l'en pris de lui par foi Que il dedenz un mois passant M'aporteroit le remanant 5
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l6î FIBLIAUK ET CPN.TE5.
Mes ilueques rie fpi p»^ «igg , ; .
Quar je en ai mô}|: mtoFà» g^gt, ,:• t/; Sicut in ca^^sCrQ^l gr«»t p^ig^ic : .' .
90 D'aler deus &U «a 1^ s^main^
Au moufstieir, qfiar il »%t {||e^ l(m§J ' Certes j'aurai mdtgmri^.feosiQips:», . ; > Se je i vois m^ jkpgçi'À P#i|p^ 5
Atant en ai prifie ma J^^qw^ y /
Se j'en estoi^ v^veimz» . ;
A tant est au mouâtiep wenm,
r
Puis se saine ei«ntreded§B9> Et dist souef entre 9^ draz Ses oroisons /etJi^ngsnpiU^ : 100 Ses iex de s» aaliv:» X9/^^h : ^ ' ; Por ce que on J« ;9i|ij^ plpi^r » .'
Puis a coipi»enfli4 à mv^p ;« ; :
Qu'est-^e , jsui-rjç ^«^ i^kl^ •• Qui revueil v^AWmu^^ &W« ? . Ce soit de pnï-Ue vif Oléai?^ i . , ; .. :?. Qui or redi ces^m j'ai ait : > ■ I ai-je donque^l^l 4eJit . ( •
En tote jor recomn^i^j^i^ ? y 110 II pert que je ym^^ tÇQGJÇr^i :
Ma feme fet so^ pp^t pw ïi 4 Ma me^bine tout finA^ffiient t ; .-r Represte por li mqti HPgmt , : . Qu'ele desp(3{|t igt 4(^0^ \m%
Nomen tuum^ J0 fib^im Ibwt qulto Celui qui envera moi f 'Aqp^ite i
■ ./
FABLIAUX ET CONTBS. 105
Mes cil qui ne me reut paier , iiÂO Ainz Youdroit toz jors delâier
Tant qu'eusse oublia la dete ^
C'est cil qui envers moi s'endete; Adpeniat regnwn tuufju
Qui est cil Robers de Torchon
Qui sira-cest païscerchant, '
Et par ces yiles va preschant ?
Cuide nous il si par sa gaile
Escillier et chacier de vile? Fiat poluntaa tucu i5o Mal-dehez ait qui léssera ,
For lui ne por autre à prester,
S'il trueve qui veuille emprunter : -
Lest moi ester, si penst de soi ,
Je pensserai molt biea de moi. Sicut in cœlo» Li Gieu
Font ore duremefit lor preu y
Quar il prestent communément
Lor deniers à toute la gent,
Si ne truevent qui mal lor die. ^ ^ x4o Certes j'en ai molt grant envie '
Que je ne puis àuitrèssi fek^^
Molt en alast miex mon afere* Et in terra» Trop me travaille
Li Rois qui si sovent me taille j
Mes s'il finast vêts moi la guerre y
Je cuideroie bien conqu^re
En assez petit de termine
D'or eC d'argent plaine une mine* ' -
Panent noslrum. Dame Hersent z5o Ne me fist pie^a nul présent j
G 4
ïOi .l'ASLIÀUX ET CONTES»
Mes se j 'a me à li conté y ' •; •; < Je li rendroié la bonté • - w
Que de cinc sous trestoz entiers Que je li prestai yolentiers y En rendera sept et demi Ainz que viengne la S. Rémi. Cotidianum* Ai grant paine Truis-je home qui ne se paine* > Toz jors devers moi mesconter^M 160 Mes j'apris pieçà à conter ;> Si sai mes detes emhrievei:^* Nus ne m'en porroit tant haster^ Que je devant quarante mois I perde le Taillant d'un poîs.*
Da nohis hodiè. Pièce a : 1
En non Dieu que je ving or çia : Je m'en redoi or bien r'aler , Je porroie trop demorer. Et ditniUe nobis.: 170 En maint porpensa son cuermia ! li Useriers.qui .jamès xï'iert Saoulez d'amasâer. dénierai Débita ripatra* Qui ëust Deniers tant com conter péust^ • Et péust presfter à g^ant monte , Et puis lie fuât ne Roi, né Coote Qui Userier roii^'st itaillier , ... : Lior porroit assez;gaaignièr. Sicut et nos dimittimua. . 1 80 Vers moi ne «e priât, onques nus ; Tant fust ne si riches ne cointesy. Qui s'en alM coroies ointes j
it r
FABLIAUX ET C0NTBS% t1^6
Et s'il me crut isnel le pas Qu'il ne venist du trot au pas*
Et debitoribus noatris. ^
n n'a gueres en cest pais - ' '•
Ne Varassor ne Chevalier Qui ne me doie aucun denier, Dont je serai molt bien paiez* 190 Je n'en sui gueres esmaiez^ . . ^^ . Quar tels en est ore eritez Qui en sera deseritez.
Diex ! et ne nos inducas»^ Je piîs ersoir molt denier quas, Si en i a de faus, je cuit, Mal dehez aiit prendre par nuit Denier ne gage de nul home. S'il ne le set à molt preudome*
In temptationem. Fourment, ; 200 Enchierira mien escient : ., ] 1
Je dëusse emplir mes greniers, . , Je sai bien que li tens ert okis^fk . , ^ . Après la feste saint Jehan , . : Assez plus que il n'est ouan* ,
Sed libéra nos à màlo. .. . , . , ,,{ ; Je n'ai voisin dont je me ijo ,, , , , ,; Quar je ne gaaingne à ela rie^ : , Si me héent tuit por le mien* For la mort Dieu à els que moxite ^ 2x0 Se je prest mes denier à monte ?
Amen. Je m'en vueil retomer, Nostre Frestre veut sermoner For trere nostre argent de borse ; Mes ainçois auroit un pet d'orse ^
i4>§ >^ABLIAU$ ET CONTES*
Qu'il ait du mien por tel abet> Tant ne chànteroit ^n fausset , Le vaillant d'une Poiteme^ 31.8 Je la donroie aiiMB à la bine.
Explicit la Pdtenoatre à PUserier.
LE CREDO A L^USERIER.
PAR fouqu]e;§.
Mamiscnt , n* 7218. '
r '■•■•/ -
IVIaistre Fouqoes raconte et dif Que nus ne pùèt àroir niercit ' Qui Useriers^est, s'il ne rcnt : Que DëaUes en son torment Ne l'enniaînt , sïl i est trorei , Et qu'il ne soit mors et dampnes. Mes por parole qoe l'en fao^ ^ '
Ne y ueletlt ^ ^^àerpfJr lof ^pfUicé Du Déable qrflëi^ pHs,
10 Et sialumez^t^ë^pfris^*
Qu'il ne le les^' W^htîr y Ne de l'usiu» re^rtîr. '' ' SeîgneurV Wcfsf tihe ttî«rlHeî!b , Onques n'cfistes sa pareille , Que je rcrttt Vùéil iKre tet conter î' Or metez c^àet^ à l'escoutélr; Si orret la éonfèssion A l'Userieir et le pArâon Qu'il ot ^ant il se dût vbtiïxAi
uo Déables fi sot bieft merir
.« '
^ • *.
FABIJIAUX ET CONTBS, lOJT
Le service que fet avoît, . , . Conques en sa viç n'AFQit * Un seul jor veecu sfiQ«i DiMiire; i /; î i Mes la mor^quiri^mn'A^wte, De sa verge si le tpuçbfi > î ' ' Qu'il vint au lit , si s^a^nqh^ Quant li I^Jseiri^rs fu sçuppm >: Et de la mort ^i^ir^fri&^ , ^ ; .' r e >
Dist qu'il se voloit ç^mfsfesm^ »" 3o Si a fet le Prestjr^mfinâep* . *
Le Prestres vint i9Q0lei]iefit A tout son ^pp^r«/i)Ieme^ :. ' ' '• '•'■• Le Cors Npistce l^iffuw ^fMit ; » ' ^i - Par qoi l'ame sei^eç^nforle» , ! ,< . . Puis qu'il le reçoit digo/^ns^ml* ^ Ne li puet fere enoim\^im»9Ul ') <• < -^ Li Déablesjr teQjt/^it; }mfdk# • «. - - LiPrestresIi^di^:; APlis^ ^ i,
Reconnois»t^,fW.Ç^%lM? ;; . ij • / 4o Li Useriera a ^ 4949^itW ..: ^
Dedenz son lit f a\lejc^g/^d».y ; . - «^
Fuis dist, sire ^qfmKK|^<9ri9)«tAi:d» ' !
Quejesoie comjnMçiç^i . ::
Quar je voi toz ^ppjAi^çiiUM /:
Les Déablesqoici |n'lri|l^j^l|jby 1.
Et m'ame qui^i?^»!; et demmd^ntt
Amis, veu8-tuf»t?se<î0ilft9?/ii , •
Oïl , sire , quar iwaltsw pri^' ;
De la mort qn^i 4 JRiQ dmUMJ^, 5o Et le cuer el ventre m'eatr^iiat; :
Bien sai que je ©e yiyr«i plaa#
Lors a fet les gonft trece ^^ot <M9,
'j I.
loS FABLIAUX ET CONTEE.
Li Prestres qui fu bien apris :. A rUserier a dit^ amis, Di les péchiez que tu as fez , Ne ifi ait nis un , tant soit lez Dont tu ne faces recordance, Et si aies bone créance En Dame-Dieu. qui tout pardone, €o Et qui à toz bon qonseii done* Li Useriers tantost li conte : Sire, j'ai bien eu de monte Plus d'une mine de deniers Dont Dëables est parçoniers.; Bien sai qu'il' les mes a donez , Par lui les ai toz aiinez y ^ Et si sui escomeniez^ Ne je ne fui communiez ' • Bien a passé deus ans entjer^^ 70 Si fort me puoit li moustiers.
Que por riens nnle n'i éntràisse , N'a Fasques me c<]ilnmiiimais9e» Sire, encor ^i<^jefôi nientie. Et si m vdu« aiairïrai mie , - J'ai ^cor fet pechië greignor , J'ai renoié Nostre Seignor ' Des puis que devibg' UBétieté Por avoir plentédfe deniers*- . Si deying hotne i l'anemi ^ ' 80 . Quar mi paréïit ne mi taii Ne me y(dèient riens dckier , Ne de lor iéz nis esgarder. Or les ai trestoz aermonlez , . Quar plu» ai- qoe mes pcirentes
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FABLIAUX Eï CONTES»^ lO^
N^ot onques en toute sa TÎe.
De mes péchiez tous quier aie
Se vous véez que estre puisse;
Mes je ne cuit que merci truise>
Quar trop ai fet de granz péchiez 90 Dont nostre sire sont corouciez ;
Si n'aura jà de moi pardon*
Sez-tu ton Credo in Deum,
Fet li Prestres^ sile recorde.
Et quier à Dieu miséricorde ,
Si l'auras , s'en toi ne remaint,
Quar en lui Fi ont troyé maint :
Qui de bon cuer se rent coupable.
Ne le puet encombrer Deable. Lors commence li Useriers : 100 Credo , fet-il y de nflkniers ,
In Deurriy qu'en p^Rd-je fere?
Ma &me est de si pute afere ,
Patrem, que se je li lessoie.
Et je de cest mal garissoie,
Tost m'en embleroit la moitié.
Omnipotenteni , acointié
L'ai des antan qu'ele assambla • ' Qaatre livres qu'ele m'embla ,
Et puis cent sous, c'onques nel' sch, 1 10 Creatorerp, , et plus je croi ,
For ce me vueil garder de li»
Je ne li lerai pas ainsi
Mes deniers en sa poestë.
Mes o moi, Celi et Terre ^
Soient tuit inis y et in Jheeum,
Fêtes les aporter , Criêtwn
tlè FABLIAUX ET dÔNT^S,
Filium eju8, déVâmt ttirdî , Jà n'aurai Wèil te ùérWwî: ^ Lors les aportiefiït , ^/!ii^/^77^ ^ 120 La mesnîé dé àa^ tûés^ôû
En la chàmbite dféVœt'sôh: fit. DominumtiàêftrUnï^gtéitiX délit A cil de gardéf ^<m' a^oli^ , Quar il i pooît bien âV^dîr, Qui concepiué é^ê^ éldô cèris Cvres. Li Useriers ïi€f (te pk^ y vfes , Qui les fet métré délèSS lui , De Spirita 3dnc£ù , tàês hiiî , Fet-il, nés ea pdftétd nus , î3o S'il ne m'en poffe rft^ôéc , fiatus. Or a detfâ Aitti^^tMâfia, Que ma fille àe' nHf; Lors prestaï-je dfe' iû^iâ d*Értrgént Por douze àil Pi*0t6st-dè Pïogent: Ne le m'a pfias gûétrèdfôrié , ^ès s'il ne me^ i^erit , f^irgine. Demain ^ pasàUs sut Ponilo , Je ferai prendre , PyIato\ Les piégea et ûfetfe en prison i4o El plus oii: Keù] dé ma m^on. Crueifixus , avaJ Luisant Me doit4'eif bien vingt Inari rf'argent; Mortuua, mes j'en ai bons gages ^ Dis pelices de chas sauvage : Gardez que ne leur prestez plus , Ainz les gardez ; etsepultus ^ Descendit : j'usqu*^ Clérvàus N'a yile en lértre né eh vaus-
FABLIAUX E^T COKTS$« %H
Oii n'ait ëa de mon avoir. > '
i5o uéd inferna, je sai de Toîi? •
Que ne y'vrim pas longitement*
l^ertia die y si G9mm^J^t . \ .
Resurrexitj qot'il soient pris
Jusqu'au tiers jor, â mM'tuisr^ >
Ascendit , à cels de Cistiafu»
Remest antan vu cent d'aigtiiaiis
Dont je n'ai pas ëa ma ^àrU ^
Adcœloi, g'i ai tout le quâtt/^
Et en la laine la moitië* 160 Sedety j'aurai d'anse grant pitié^
Je leur daim qùite^ adde^tieratn^
Toute la laine de cest an,
Mes les gages, Dei Patrie,
De ma chambre , omnipotent.
Fêtes devant moi aporter ;
Chascun vueil por soi esgai^der
Qu'il valent, indè penturus ,
Que je ne les vueil garder pk»,
Ainçois jjudicare i^it^oe , 170 Seront vendus, et mortuo^
Li Prestres fu toz esbahis; z
Amis , fet-il , quanques^ tu diS'
Ne te vaut pas* une cenele ,
Mes Dame-Dien de enev apele.
Et lesse ester tout ton aV^^ i
Que bien saches-tu tout de roîr,
Quant de cest siècle partiras ,
Rien nule tu n'enpovteras ,
Fors que bien fet tanf sc'uIemeMI: 180 Ce durra pardurablement.
/
lia FABLIAUX ET CONTES.
Et qui mal fet y s'il ne s'amande , Au Dëable s'ame commande Qui l'en rendra son gaerredon; Or di credi in Spiritum.
Credo j fet-il, in Spiritum, Sire Prestreà , un cras mouton Aurez por m'ame , se je muir^ La char, est vostre , mes le cuir * Donrez , Sanctum , mon fil Bertran
igo Qui est bon megucier^ Sanctam, S'en fera borses et gaïnes, Et si aure2 d'orge troi minés For mon trentel , Eccleaiam, Si m'assolez jusqu'à un an^ S'il ayient chose que je muiro Cat?iolicjCûn ; ma chape buire Aura li Clers por son saatier. Si chantera miex au moustier« Sanctorum, par la riveor
200 Redoir-je bien fere mon tor ^
Quar il ont de moi quinze vaches : Communionem, des firomages N'ai-je pas eu ma droiture ; Remisaionem , par nature Sont Moine cuirert et félon : n ne font pas j peccaiorum , Ce que il doivent à la gent^ Quar tant aiment or et argent , Qu'il ne béent à autre chose.
2X0 Carnis, je dis à la parclose , Toz li mondes les doit haïr. Et lor compaigoie fuïr ;
Ce
FABLIAUX JBT CONTES. 1 15
/ Ce poise moi qu'il ont mes bestes ^ Reaurrectionem , li Prestres Voit bien que c'est chose perdue: Amis^ fet-il, foie atendoe As en toi qui ne déguerpis. I/e Deable qui si t'a pris ^ Qu'il ne te lesse à Dieu entendre, 320 Quar il'te cuide ainsi seurprendre; Se tu muers sanz confession , Tu n'auras jà remission. Guerpis le Deable et son œvre Et tpz tes péchiez me descueyre. Si met en oubli ton avoir y Quar il ne te puet riens valoir Contre la mort , ce te puis dire , Ne te puet riens aidier nul mire. Sire, fet-il , vous dites voir , 300 Mes grant duel ai de mon avoir Que je lerrai , par tans je cuit Jà ne verrai la mienuit Que je ne sueffi:e grant torment. N'i a mestier repentement, Vitam y ma borse m'aportez La plus grant, et si la metez , Eternàm ^ lez moi à la terre. Lors se retome et les denz serre , Se li parti l'ame du cors. 24o Tout maintenant qu'elefu hors. Si l'enporterent li Deable , Amen , en enfer pardurable , Où il aura sa livroison , Et la moitié de sa vojà^n
IT. «
Il4 FABttAÛX ET dONTfiS.
Enportetit Dëable à lor part. Nostre sires toz nous tn gart Que avoec lui ne soiom mis; Mes les Angles de Paradis Nous tramete le Roi Celestre,
25o Et toz nous assiëe à sH defttre En la grant joie pàrdurable
352 Avoec son Père esperitable. Amen.
Explicit le Credo à VUaerier.
DU VILAIN QUI CONQUIST PARADIS PAR PLAIT.
Manuscrits, nos 7218, et i83o de Saint Germain.
iN OS troyomes en escripture Une merveilleuse aventuré Qui jadis avint d'un vilain , Mors fu par un venredi main. Tel aventure lî avint Qu'Angles ne DëaBles n'i vint A celé ore que il fii morz t Quant li parti l'ame du cors , Ne troeve qui riens li demant, 10 Ne qui rien nule li conunant : Sachiez que molt fii ëureuse. L'ame qui molt fii peureuse » Regarde à destre vers le ciel , Et vit l'Archangle saint Michiel
FABLIAUX ET COKTBS. Il5
Qui une ame porte à graht joie^ Celé part a tenu sa voie ; Tant sîvi l'Angle ♦, ce m'est tîs > ,
Que il entra en Paradis. Saint Pieres qui gardoit Teuttëe , 30 Avoit la porte deffermëe,
Et prist Tame que l'Angle porte, . Puis s'en retome ters la porte, Et yit l'ame qui seule estoit, Demanda qui la conduisoit : Ceenz n'a nus herbergement
Se il ne l'a par Jugement.
Ensorquetot, par âiint Guilain,
Nos n'avons cure de vilain,
Quar vilains n'a riens en cest estre. 3o Plus vilains de vos n'i puet estre.
S'a dit l'ame , biaus sire Pierre ;
Toz jors fustes plus durs que pierre r
Foz fu ^ par seinte Patrenostre,
Diex quant de vos fist son apostre.
Que petit i aura d'onor.
Quant on trahi Nostre Seignor,
Vos le renoiastes troî foiz ,
Molt fil petite vostre foiz :
Si estes de sa compaignie , 4o Paradis ne vos affîert mie ,
Ains het vos et vostre manoir ,
N'en devez pas les clez avoir.
Alez fors o les desloiax ,
Quar ge sui preudons et loiax ,
S'i doi bien estre par droit conté.
Saint Pieres ot adonc grant bonté ^
;|]6 FABLIAUX ET C01iTE5«
Tomez s'en est mornes et mas, Venuz s'en est à saint Thomas, Fuis li conta tôt à droiture 5o Trestote sa mésaventure ,
Et son contraire et son anui. Dist saint Thomas , g'irai à lui ; N'i remanra jà^ Diex ne place* Au vilain s'en vient en la place ^ Demanda lui comment ça vint Que là dedenz sanz congié vint; Cëenz n'eptra onques mes ame Sanz conduit ou d'omme ou de Ëime : Vuide Paradis , vilains faus. 60 Thomas, Thomas, trop es pinsaus De respondre comme legistres : Donc n'estes-vos cil qui déistes As apostres , bien est sëu , Quant il avoient Dieu véu. Que vos jà ne le croiriiez. Se ses.plaies ne sentiiez y Fols i fustes et mescrëanz» Saint Thomas fu lues recrëanz De tencier , si.bessa le col, 70 Venuz en est droit à saint Pol , Si li a conté son meschie£ Dist saint Pol, g'irai, par mon chief, { Je sam*ai qu'il vorra respondre* L'ame n'a cure de repondre. Aval Paradis se déduist* . Vilains, fet-il, qui te conduist? Où as-tu faite la déserte For qoi la porte fii ouverte?
FABLIAUX ET CONTES. II7
Wide Paradis, yilaîns faus. 80 Qu'est-ce , dist-il , Dant Pol 11 chaus^
Dont n'estes-vos or li seijanz
Qui si fîi oribles tiranz ?
James plus cruel ne sera ,
Saint Estiennes le compera
Que vos féistes lapider :
Bien sai yo vie raconter.
Faœ vos furent moi^ maint preudome , ■
Diex YO dona en sor le some
Une buffe de main enflëe , 90 Du marchié ne de la paumée
N'avon-nos pas béu le vin ?
Hai , quel seint et quel devin !
Guidiez que ge ne vos covmoisse ?
Saint Pois en ot molt grant angoisse^
Tomez s'en est isnel le pas ^
Si a encontre saint Thomas
Qui à saint Piere se conseille!
Si li a conte en Toreille
Du vilain ^i si l'a masté: 100 Endroit moi a^il conquestë
Paradis et ge li otroi.
A Dieu s'en vont damer tuit trou Saint Pieres bonement li conte
Com li Vilains lor a fet honte :
Far parole nos h conclus ,
Ge méismes sui si confus ,
Que jam^ jor n'en parlerai.
Dist nostre sire, ge irai,
Quar oïr vueil ceste novele. 110 A l'ame vient et si Papele 9
h3
y
11& FABLIAtTX BT CONTES.
Et 11 demande com ains vit
Qui Ta dedanz sanz.congië mist; (
Çaiens n'entra ônques mes ame
Sanz conglë ou d'orne ou de famé :
Mes apostres as blastengiez ,
Et ayilliez et ledengîees ;
Cuides-tu céenz remanoir 7
Sire, aussi bien i doi manoir
Com il font , se jugement ai^ lâo Quar onques ne vos reniai ,
N'onques ne mescrui yostre cors.
Ne par moi ne fu nus hom mors^
Mes tout ce firent^il jadis p
Et si sont ore en Paradis^
Tant ocmi mes cors yesqui el monde ,
Nete yie menai et monde ;
As povres dpnai de mon paia> : S'es herbergai et soir et mein , Et s'en chan&i maint & mcm fu , i5o Et les gardai tant que mort fo ^ . Et les portai à ^ainto Yglisec Ne de braie , ne de chemiae Ne lor laissai besoing avoir ; Ne sai or Be ge«& «avoir. Je fui confës veraiement , Et reçui ton cors dignement : Qui ainsi muert, l'en nous tesmoingne Que Diex ses péchiez li pardoingne. Vos savez bien se g'ai voir dit^ 1 io Cëenz entrai sams contredit ;
Quant g'i soi^ por qoi m'en iroie? Vostre parole desdii^ie y
FABLIAUX ET CONTBS. II9
Qui otroié ayez sanz &ille ,
Quî cëenz est qui ne s'en aille,
Quar vos ne mentirez por moi*
Vilein, dist Diex, et ge Totroi :
Paradis as si desresnié.
Que par'pledier l'as gaaingnié^
Tu as esté à bone escole ^ i5o Tu sez bien conter ta parole^
Bien-sez ayant mètre ton yerbe.
Li yileins dist en son proyerbe ,
Que mains hom a le tort requis ,
Qui par plaidier aura conquis ;
Engiens à &uxée droitare ,
Fauxers a yeincue nature ,
Tort ya ayant et droit aorce , i58 Miex y ait engien que ne fet force.
Explicit du yUain quiconquist Parodia par plaiL
DU SOUCRETAIN ET DE LA FAME AU CHEVALIER.
PAR RUTEBEUE. Manuscrits, nos 7218 et 7633.
Kj fi soit en la benëoite eure Que benéoiz qui Dieu aeure^
Me fet fere benéoite œuyre Por benéoit un poi m'aœuyre :
h4
.120 FABLIAUX ET CONTES.
Benoiz soit qui escoutera Ce que por benéoit fera Rustebuef que Diex benéisse» Diex doinst que s'ueyre espenâsse En tel manière que il £sice 10 Chose dont il ait gré et grâce.
Cil qui bien fet y bien doit avoir , Mes cil qui na isens ne savoir - Far quoi il puisse en bien ouvrer. Si ne doit mie recouvrer A avoir garisou ne rente : L'en dit de tel marchië tel vente.
Cist siècles n'est mes que marchiez , Et vous qui au marchië marchiez , S'au marchié estes mal chëant, 30 Vous n'estes pas bon marchëant. lâ marchéanz, la marchëandé Qui sagement ne marchéande , , . Fert ses pas et quanqu'ele marche , Fuisque nous sons en bone marche , Fenssons de si marchëander , C'on ne nous puisse demander Nule riens au jor du joise , Quant Diex prendra de cels justise. Qui auront issi bârguingnié, 5o Qu'au marchië seront engingnië. Or gardez que ne vous engingne Li maufez qu'adès vous barguingne :^ N'aiez envie sor nule ame , C'est la chose qui destruit l'ame : Envie sanble heriçon , De toutes pars sont li poinçon»
PABLIAVX ET CONTES, 121
Envie point de toutes pars ,
Pis vaut que goivre ne liepars j
Li cors où envie s'embat, 4kO Ne se solace ne esbat :
Toz jors est ses viaires pales ,
Toz jors sont s^ paroles maies;
Lors rist-il que son voisin pleure.
Et lors li recort li deuls seure
Que ses voisins a bien assez :
Jà n'ert de mesdire lassez. ' '
Or poez-vous savoir «la vie
Qui cil maine qui a envie* Envie fet home tuer, 5o Et si fet bonne remuer ;
Envie fet rooingnier terre.
Envie met où siècle guerre ,
Envie fet mari et famé
Haïr, envie destruit ame; .
Envie met descorde es fireres, • -
Envie fet haïr les mères ;
Envie destruit gentillece ,
Envie grieve, envie blece;
Envie confont charité , 60 Envie ocist humilité ,
Et por l'envie d'un maufé '
Dont maintes genz sont^eschaufé.
Vous vueil raconter de deus genz
Dont li miracles est molt genz. Granment n'a mie que la fam»
A un Chevalier, gentiz Danpie^
Estoit en ce païs en vie;
Sanz orgueil ert et sanz envie }
ISSt PABLIAUJC ET CONTES.
Simple > cor toise ., preui^ et. ^ge , 70 N'estoit ireuse ne sauvage. Mes sa bonté, sa loiauté Passoit cortoisie et biautë» Dieu amoit et sa douce Mère, N'estoit pas aus povres amere Le soir quant l'en doit herbregier, La povre geai , nés un bergier Fesoît-ele si u^ biau Ut , C'uns Rois i géust à délit. . Plus ayoit en U charité , 80 Ce vous di-je par vérité ,
Qu'il n'a en demi cels du monde; N'est pas orendroit la seconde* De tout ce me doi-je bien tere , Avers le très biau luminere Qu'ele moustroit au samedi ; Et bien sachiez , sus m'ame di , Que matines voloit oïr, Jà ne l'en véissiez fuir , Tant com avpit fet le servise, QO Ce ne vous sai-je en quel guists Fesoit les festes Nostre Dame, Ce ne porroit dire aule ame : Se j'estôie bons escrivains, Ainz seroie d'tsçrire vains Que j'eusse escrit la moitié De l'amor et de l'amistié Qu'à Dieu moustroit et jor et nuit. Encor dout-je ne vous anuit Ce que j'ai un petit conté 100 De son sens et de sa bonté.
FABLIAUX Et CONTES. &25
Ses sires Ta voit forment chiere , Et molt li fesoît bêle chiçre. De ce qu'en vérité savoit Que si grant preude famé avoit. Molt l'amoit et molt li plesoit Trestoz li biens qu'ele fesoit* En la vile ot une Abéie , Qui n'estoit pas molt esbahie De servir Dieu resperitable, 110 Et si estoit molt charitable La gent qui esloit en cel leu. Bien séust véqir cler de leu.
Qui i vëist un mauves cas.
Or ont tout atorpé à gas.
Chanoine réguler estoient,
Lor riégle honestement gardoient*
Léenz avoit uii Soucretain ,
Orendroit nul home ne tain
A si preudome comme il iere. 1 20 La glorieuse Dame chiere
Servoit de bon cuer et de fin.
Si comme il parut à la fin ^
Et si vous di qu'en trois parties
Estoient ses eures parties;
Dormir ou mengier ou orer
Voloit, ne savoit laborer*
Toz jors vous fust devant Fautel^
Vous ne verrez jamès autel
Comme il estoit , ne si preudome* i3o N'en prisoit avoir une pome^
Ne n'a voit cure ne corage
De ce qui est chose volage,
12é/ FABLIAUX ET COlïTES.
Con voit bien avenir sovent , Qu'avoirs s'envole avoec le vent , Por ce n'en avoit côvoitise. Quant la chandoile estoit esprise Devant la Virge debonere. De l'ostel n'a voit-il que fere. Tout ardoit^ n'i remanoit point*
l4o Je ne di pas s'il fust à point
Que plains li chandelabres fust ^ Ou li granz chandeliers de fust^ Il en ostast jusqu'à reson. Qui fesoit bien à la mesoo.
Par maintes foiz si avenoit Que la bone Dame venoit A l'Eglise por Dieu proier; Cekiitrovoit qui otroier Doit Nostre Dame son doua Raine ^
i5o James n'aura si bon chanoine.
Ces genz molt saintement vivoienti ÎÀ félon envieus qui voient Cels qui vivent de bone vie, D'els desvoier orent envie, ; De lor enviaus envolèrent, Soventes foiz i avoierent , Tant qu'il les firent desvoier De lor voie j et avoier A une pereilleuse voie:
160 Or est mestier que Diex les voie. Tost va y ce poez-vous vëoir, Chose qui prent à dechéoir j • Tost fu lor penitanoe frète Qui u'estoit pas; demie ^fete:
FABX.IAUX ET COKTJIS. \ isS
Anemis si les entama ,
Que li amis l'amie ama ,
Et l'amie l'ami amot*
Li uns ne set de l'autre mot,
De plus en plus les enchanta* 170 Quant cil chantoit Salpe Sancta^
Li parenz estoit oubliez,
Tant estoit fort desavoiez ;
Et quant il yoloit grâces rendre,
Sept foiz li conrenoit reprendre^
Ainz que la moitié dist éust :
Or est mestiers Diex les aïut»
Du tout en tout a geté fuer
L'abit saint Augustin du cuer,
N'i a mes se folie non , 180 Fors tant que chanoines a non :
De l'ordre Augustin n'i a goûte
Fors que l'abit, ce n'est pas doute* Or est yaincuz, or est conclus
Nostre Religieus reclus ;
N'a plus fol en la région
Que cil de la relegion.
Et la Dame relegieuse
R'est d'amer si fort curieuse ,
Qu'ele n'a d'autre chose cure* igo Or est la Dame molt obscure ,
Quar li obscurs l'a obscurcie
De s'obscurté et endurcie :
De maie cure la curie ,
Ci a molt obscure curie.
Qui n'est pas entre char et cuir,
Ainz est dçden;» le cner obscuir,
ia6 FABLIAUX fiT CONTES.
Qui estoit clers et cariex De servir Dieu le gloriex. Curer la puisse li curieres
200 Qui des obscurs est escurieres ; Quar si forbient est tormentëe , Si vaincue et si enchantée, Quant ele est assise au mengîer, Il li covient avant changier Color cinc foies ou sis, Por son cuer qui est si penssis , Que li premiers mes sont mengiez : Or est ses aferes changiez* Voirement dit-on , ce me sanble,
310 Diex done bief, deables l'anble. Et li Déable ont bien enblë * Ce que Diex amoit miex que blé* Or face Diex no vêle amie, Qu'il sanble ceste nel' soit mie. Tost est aie , prenez i garde , Ce que nostre sires ne garde.
Dist la Dame , dolente lasse, Ceste dolor toute autre passe } Lasse , que porrai devenir ! .
220 Comment me porrai contenir En tel manière qu'il parçoive Que la seue amor me déçoive? Dirai-je lui? nenil, sanz doute: Or ai-je dit que foie gloute , Que famé ne doit pas proier. Or me puet s'amor asproier, Que par moi n'en saura mes riemu Or soi aussi com li mesriens
FABLIAUX ET CONTES. llàf
Qui porrist desouz la goutiere; â5o Or amerai en tel manière.
Ainsinc la Dame se demaine : Or TOUS Yueil remener au Moine. Li bons Moines aime la Dame Qui acroist sor sa lasse d'ame j Mes la Dame n'en sot noiant. Molt va entor li tomoiant. Quant ele est au moustier venue ; Et s'il séust la convenue Que la Dame l'amast si fort, s4ô Confortez fust de grant confort. Il n'est en chemin ne en voie. Que li Dëables ne le voie : Tout adès le tient par l'oreille , D'eures en autres li conseille. Va , fols Chanoines , por qoi tardes Que ceste Dame ne regardes?
Va , à li cor , et si la proie.
Tant le semont et tant le proie ,
Que li Chanoines à li vient , 55o ' Par force venir li covient.
Quant la Dame le voit venir,
De rire ne se puet tenir}
Ses cuers li semont bien à dire,
Enbrachiez moi , biaus très douz ftret
Màs nature la tient serrée.
Nule des denz n'a desseiTëe
Fors que por rire. Quant ris ot,
Les denz resserre et ne dist mot.
Li preudom la prent par la main, a6o Dame , vous venez chascun mam
138 FA1ILIA0X BT COUTES.
Molt matînel à ceste Eglise : Est-ce por oïr Je service ? Ne puis plus ma dolor. couTrir , Ainz me coyient ma boache ouvrir; Les denz me coyient desserrer, Vous me fêtes soyent serrer Le cuer el ventre sanz demor, Dame , je vous aim par amor. Dist la Dame, vous estes nice , ayo Plus a en vous assez ^e vice Que ne cuidoie qu'il ^ust; Se sainte charité m'éust, Molt savez bien servir de guile, Estes- vous por ce en la vile For la bone gent engingnier? Ha ! com savez bien barguingnier Voiz du Papelart , du Béguin ! Desor ne pris im angevin , Son bien fet ne sa penitance,
280 Si m'ait Diex et sa puissance ;
Je cuidai qu'il fust uns hermites , Et il est uns &iis ypocrites. Ahi, ahi ! quel norriçon ? Il est de piau de heriçon Envelopez desouz la robe. Et defors sert la gent de lobe. Et s'a la trahison où cors. Et fet biau sanblant par defors* Dame, Dame, ne vous anuit,
a^o Avant soufferrai jor et nuit
Desormès mon mal et ma paine, Queiiroufl 4ie choiie grev^ne :
Ter€
FABLIA.UX BT OOlffTES. 129
Tere m'estuet^ je me terài , Lessier l'estuet, je le lerai^ Vous aproier n'en puis plus fere. Biaus sire chiers, ne me puis tere*. Tint TOUS aim, nus nel' porroit dire, Or n'i a plus , biaus très douz sire^ Mes que le meillor regardez, 3oo Et du descouvrir vous gardez :
Quar se la chose est^descouverte, L'en nous tendra à gent ouverte ,
Sachiez, et si n'en doutez pas,
Alons nous en plus que le pas
A tout quanques porrons avoir ;
Prenons denier et autre avoir,
Si que nous vivons à honor
Là où nous serons à sëjor :
Quar latent qui va desgarnie. 3x0 En esti*ange leu , est honie.
Dist li ChadKnes ,' douce amie ,
Sachiez ce nç refus-je mie ,
Quar c'est li mieudresque g'i voie:
Or nous mêlerons à la voie
Anquenuit , de nuiz mouverons ♦
A tout quanques nous porterons.
Or est la chose porparlée
Et de la muete et de Talée.
La Dame vint en son osté , 320 Contre la nuit en a osté
Robes , deniers et de joiaus
Les plus riches et les plus biaus : .
S'ele en péust porter la cendre,
Ele Talast voleutiers prendre,
IV. i
l5d FABLIAUX BT CONTfiS.
Quar la gcnt qui ainsi labenre , Tient à perdu ce qui demeure. Li Chanoine» est d'autre part Qui où trésor fait grant essarta Le trésor très a^oiantist ^
53o Ainsi bien com s^il le nantist.
Tout prent, tout robe, tout pelicey
N'i a lessié croiz œ ehalîce ;
Un troussian fet, tniussian mes trousse^
Le troussiau prent, au eol le trousse $
Or à-il le troussilai» trousse ,
Mes s'on le trueuve, à estrous^sé
Qu'il sera pris et retenus*
n est à la Dame venuz
Qui l'atendoit iluee acea :
34o Chascuns met li» troussel au cou, Or sanble qu'il Tont au marchié* Tant ont aie , tantont marchié, Qu'esloingnie et li feb* nffb Quinze granz-fires son païs»
En la vile, ont un ostel pris, Encor n'ont de noient mespris. Ne ftt pechié,' ne autre chose , Dont Dîex ne sa Mère les chose; Ainz sont ausi con» suer et firere:
35o La douce Dame lor soit mère! Venir me coTÎent au Couvent, Où il n'ayoit pas ce couvent. Li Couvenz dort, ne se remue, Li Couvenz la desconvenue - Ne set pas , savoir li covient ,
Quar uns Cbnyers au Gouyent vient / '•
FABXIAUX ET CONTBS^ ^5*.
Et dîst , Seîgnor , sus vous levez ,
S'anuît mes lever vou^ deiv^ ,
Qu'il est biaus jors et oleFs et granKZ^ 36o Chase uns est de lever «ngraïus^
Quant il ont le- Çonvers cï }
Durement furent esbahi
Qu'il n'orent oï^ soner cloche ,
Ne chanpenele ne reloge:
Or dient bien tuit à délivre ;;
Que ce soir avoit este y vre
Lor Soucretains, tant ot bëa f .
Que li vins Tavoit decéu i
Mes je cuit qu'autre chose i a , S70 Foi que doi ^i^e Maria.
Il sont à l'Eglise venu ^
Petit et granty jone etxhaou^
Le Soucretain ont apelé
Qui le trésor ot trapelé^
Cil ne respont ne qu'amuis:
Por qoi ? qu'il s'en estoit fiiiz. Quant il furet&t entré eï coer^ .
A
Chascuns vousist bien estre fuer , Quar trestuit si grant paor prent ^ 58o Li uns des autres ri^ns ne 8(H:%nt,
Que la char lor firemist et traiei^t L'Abé parole à toz ensfii^le : Seignor , dist-il , nous^ns lobes , Li Soucretains nous a nobez^ Frère , dist-il , au trésorier^ Les«astes-vous le trésor ier Bien fermé , quar i prenez ^acâe ? 1 Et li trésoriers i reg^rder^ * , .
J2
102 FABLIAUX BT CONTBS.
Onques ne trora au trésor 390 Ne chalice , ne croiz , ne or 5 Au Couvent dist et à l' Abé , Seignor, dist-il, nous sons lobe : N'ayons ne chalice ne croiz. Ne trésor qui yaiUe deus nois» Dist li Abés , ne vous en chaille. Va s'en il , oïl bien s'en aille , S'il est de droit encor saurons Là ou il est , si le raurons. Papelart fet bien ce qu'il doit , 4oo Qui si forment papelardolt ; De l'eûgin sevent et de l'art Li ypocrite papelart: De la lœnge du pueple ardent , For ce papelart papelardent; Ne vaut rien papelarderie , Fuis que la papelarde rie ^ iamès ne papelardirai , Ainçois des papelars dirai For chose que papelara die , 4io Ne croirai mèd papelardie.
La renommée qui tost cort^ Est venue droit à la Cort Au Chevalier que sa Ëmie ot Desrobë, mais il n'en set mot^ Qu'il n'avoit pas lëenz gëu. Quant il a son ostel vëu Si robe et si desgami , Ha ! DieXy com m'avez eschami, Dist li Chevaliers', biaus douz sire I 420 Or ne cuidai qu'en nul empire
FABLIAUX ET COMTES. : l35
Éust tel famé com la moie : '
De grant soient m'esjoïssoie. Or Yoi-je bien et croi et cuit^ fiPest pas tout or quan'qu'il reluit.
Or set-ii et sevent li Moine Li Soucretains sa &me enmaine ; Après s'en vont grant aléure, Ne chevauchent pas l'imblëure , Mes tant com cheyaus pueent corre , 45o Qu'il cuident lor proie rescorre. Ce jor les mena bien fortune , Voie nés destorna nis une, Ainz ont la droite yoie alëe Là où cil firent lor alëe* Tant ont le jor esperoné, Qu'ayant que l'en ëust sonë None , yindrent au leu , je cuit , Qui plus lor grieve et plus lor cuit.
Es rues foraines se metent , 44o Et du demander s'entremetent
Se l'en auroit tel gent yëue
Qui ont tel vis et tel vëue:
Toute devisent la &çon*
For Dieu savoir le nous &ceou
S'il demeurent en ceste vile ,
Qui molt nous ont servi de guile;
Li Chevaliers lor redescuevre
De chief en chief le fet et l'uevre. La renommëe qui tost vole^ 45o A tant portëe la parole,
Qu'ele est à lor voisins venue ,
En une molt foraine rue ^
i5
i54 FABXIAUX BT CONTE5.
Quar la gent